Le 3 décembre 2019
Un film noir chinois, inscrit dans la torpeur de l’été citadin et orienté vers la quête de la mort, comme objectif de la vie.
- Réalisateur : Zu Feng
- Acteurs : Huang Lu, Zǔ Fēng
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller, Romance
- Nationalité : Chinois
- Distributeur : Damned Distribution
- Durée : 1h55min
- Titre original : Summer of Changsha
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 4 décembre 2019
- Festival : Festival de Cannes 2019
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Résumé : Dans l’été brûlant de Changsha, au cœur de la Chine, l’inspecteur Bin enquête sur la disparition d’un jeune homme dont le bras a été retrouvé sur les bords de la rivière Xiang. Mais les indices sont peu nombreux et Bin pense à abandonner l’affaire. Jusqu’au jour où il rencontre une mystérieuse chirurgienne qui se dit être la sœur de la victime.
Notre avis : Un été à Changsha est un polar réalisé par l’acteur fétiche de la série télévisée d’espionnage chinoise, diffusée depuis 2009, Lurk. Issu de l’Académie de cinéma de Pékin, Zu Feng s’évertue à dépeindre dans une atmosphère lourde, pesante et traînante, des personnages - dont il joue le principal - torturés par un passé qu’ils ne parviennent pas à oublier. Ce passé, les protagonistes du film le reconstruisent à travers le principe du cadavre exquis, au propre comme au figuré. C’est tout au long de la quête des différentes parties du corps du cadavre, dont on retrouve en premier l’avant-bras au petit doigt fracturé par un ventilateur - son absence se fait d’ailleurs sentir tout au long du film -, que Bin (Zu Feng), l’enquêteur bourré de cachets, et Li Xue (Huang Lu), la doctoresse aux multiples aventures sexuelles, tentent de s’émanciper du rôle que leur entourage leur a faussement attribué ; et c’est en cela qu’Un été à Changsha est un faux film policier. On quitte vite, guidé par l’œil averti de Zu Feng, le polar urbain, le duo de policiers mal accordés et la recherche du meurtrier, pour entrer dans le labyrinthe d’une ville en décomposition parsemé de détritus, de déchets en tous genres. En effet, l’esthétique n’est pas de mise. Aucun accent n’est mis sur les plastiques féminine ou masculine : il est difficile de trouver une jeune première ou un jeune premier. Il est peu aisé de trouver un cadre matérialiste et idyllique, en dépit de décors qui n’affichent pas en apparence la misère. Le cœur du film est l’état dépressif des personnages qui ne savent pas ce qu’ils cherchent, s’entrechoquent et se rejettent.
Bien qu’il s’agisse de l’été, la caméra de Zu Feng construit un film dépourvu de couleurs vives et franches, souvent peu éclairé, pour suggérer le besoin et la part d’ombre des personnages. Cette caméra est peu mobile et la linéarité est de mise, entrecoupée de sursauts visuels temporaires : poursuite cachée par un mur, scène de sexe enfouis dans les vêtements. La musique mélancolique apparaît de façon sporadique et suggère, sans affirmer, le genre - si genre il y a - auquel peut appartenir le film.
Ainsi, ici, il n’y a ni coups de feu, ni poursuites, ni coulées de sang, simplement des indices morcelés, à l’image d’une police et d’une médecine atypiques, éloignées des clichés que peut développer le cinéma de propagande chinois, de sorte que, à force de chercher une tête, on la perd et les personnages également. C’est ce que mime le film à travers sa construction, qui démarre enraciné dans le traditionnel et s’achève sans fin dans la mort, au propre et au figuré : la mort du polar chinois et celle de la société chinoise. De là pourrait venir l’explication de la censure du film par le gouvernement de Pékin.
Festival de Cannes 2019 : Prix Un Certain Regard
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