Le 5 mars 2020
Thriller psychologique impacté par le phénomène sectaire, Un certain silence consacre la naissance d’un cinéaste à suivre de très près.
- Réalisateur : Michal Hogenauer
- Acteurs : Eliška Křenková, Jacob Jutte, Monic Hendrickx, Roeland Fernhout
- Nationalité : Néerlandais, Tchèque, Letton
- Distributeur : Circle Films, Negativ, Tasse Film
- Durée : 1h36min
- Titre original : Tiché doteky
- Date de sortie : 3 octobre 2019
- Festival : Festival À l’Est
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Résumé : Une jeune Tchèque, fille au pair, débarque dans une famille étrange et glauque du Nord de l’Europe. Fascinée, elle participe à une opération aussi mystérieuse que malsaine, dont elle ne prend vraiment conscience que lors de son interrogatoire par la police. Manipulation et crime.
Notre avis : Il y a deux manières de recevoir le premier long-métrage de Michal Hogenauer, jeune cinéaste tchèque à qui l’on promet un bel avenir : d’abord comme le témoignage implacable du phénomène sectaire, dont le film documente par le menu les stratégies pernicieuses, à travers la relation entre une jeune fille au pair et une famille bourgeoise, installée dans une confortable maison ; ensuite, comme un thriller psychologique qui cacherait un film de zombies, non pas dans la veine d’un Romero, mais plutôt celle du Campillo des Revenants, parce que la mise en scène privilégie une froideur clinique que viennent aussi soutenir des références particulièrement bien digérées, entre Hitchcock (pour le suspense) et Haneke (pour la brutalité, parfois suggérée par le hors-champ).
Copyright Negativ Film Productions, 2019
A certains moments, la manière frôle l’exercice de style en forme d’hommage : on pense à ces enfants pétrifiés dans les mêmes postures, qui prennent le bus pour se rendre à l’école ou se tournent les yeux fixes et écarquillés, à la façon des terreurs blondes du Village des damnés. On songe à la mine inquiétante du jeune garçon, dont la silhouette se perd dans la perspective d’un long couloir de paquebot, clin d’œil à Shining, même si le gosse marmoréen évoque aussi le terrible Damien de La malédiction. Cette intertextualité ne disloque absolument pas l’implacable progression d’un récit mené jusqu’à son climax, prévisible, mais indéniablement densifié par la froideur des protagonistes, quoique le dénouement soit alourdi par un symbolisme forcé, dont la tendance se repère aussi dans quelques scènes ostentatoires.
Globalement, Un certain silence mérite son titre, voguant en vaisseau fantôme sur des eaux glacées, impressionnant l’écran comme une véritable promesse cinématographique. Dans le rôle de la pauvre étudiante, que piègent une famille terrifiante et la géométrie d’un décor carcéral, l’actrice tchèque Eliška Křenková s’avère particulièrement convaincante.
Copyright Negativ Film Productions, 2019
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