Un beau soleil intérieur - la critique du dernier Juliette Binoche

Critique : C’est en 2014 que l’histoire d’Un beau soleil intérieur commença, lorsque la réalisatrice Claire Denis croisa la route de l’écrivaine Christine Angot. Les deux femmes ont alors collaboré pour mettre sur pied un court-métrage intitulé Voilà l’enchantement, produit par Le Fresnoy, où la réalisatrice tenait un atelier d’un an. L’histoire d’un couple qui se défait… Formant un couple artistique complémentaire, les deux femmes ont vite décidé de travailler de nouveau ensemble pour évoquer l’amour et représenter le dur combat qu’il représente. En mettant en scène l’attente insoluble, l’idéal sans cesse déçu, la réalisatrice et la scénariste s’attardent sur l’ironie de l’amour, sans cesse désiré mais toujours effrayant. Cette ironie du sentiment amoureux, cette lutte perpétuelle contre la défaite sont personnifiées par Juliette Binoche, dans le rôle d’une femme ordinaire qui se bat contre la solitude et les déceptions qui ont jonché son parcours.

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Si le long-métrage se divise en autant de fragments amoureux que d’hommes qui partagent son existence, il souffre de longueurs dès les premières minutes, montrant les limites d’un synopsis qui se résume en une phrase. Tenter d’expliquer l’amour, de le matérialiser dans sa forme la plus complexe, cherchant à déterminer pourquoi la lutte n’est pas héroïque et la victoire peu certaine, ne permet pas d’insuffler l’intérêt nécessaire qui fera que le film éclairera le spectateur sur ses propres contradictions. Pire encore : en essayant de rendre drôles cette quête du grand amour, le film ne parvient qu’à insuffler davantage d’ennui à chaque scène.
Si pourtant le nouveau Claire Denis ne fait pas de sortie de route, c’est grâce à son casting cinq étoiles, Juliette Binoche en tête, toujours magnifique et ici lumineuse malgré les épreuves. Xavier Beauvois, Bruno Podalydès, Nicolas Duvauchelle, Paul Blain… La crème des acteurs français est rassemblée pour permettre à l’actrice d’incarner cette lumière ardente de l’âme qui cherche sans cesse une compagnie. Jusqu’à Gérard Depardieu, dont l’annonce au casting attirera sans nul doute un public plus large.

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S’il faut subir la grande frustration de devoir attendre les quelques dernières minutes du film pour l’admirer, force est de reconnaître que l’acteur français, dans toute sa magnificence, vaut à lui seul le déplacement. Solaire lui aussi, humain, d’un calme olympien, magnétique, il a surtout le timbre de voix qui restera dans les mémoires. Il résume alors tout le paradoxe de l’être humain, qui recherche son beau soleil intérieur sans parvenir à en profiter seul. Son aura profite au film dans lequel il aurait bien mérité de jouer un plus grand rôle. Une injustice vite rattrapée par l’acteur lui-même, qui enchante cette dernière partie par des paroles qui sonnent à nos oreilles comme du velours.

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S’il ne marquera pas l’inconscient collectif avec son analyse de l’amour et de ses travers, le film, présenté en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes, a au moins le mérite de dépeindre les plaisirs hédonistes d’une femme à la fois libre et moderne, là où la majorité des longs-métrages dressent un portrait culpabilisant et peu flatteur dès que les personnages féminins osent prendre du plaisir... et en chercher. Tout n’est donc pas perdu !