Tremblements - la critique du film

Notre avis : Pablo fait partie des classes aisées du Guatemala. Il arrive chez lui avec sa grosse voiture et une domestique l’avertit dès son passage de la grille de sa résidence, que toute sa famille et sa belle-famille sont là. On suit alors cet homme qui s’enferme dans la chambre et se cache sous les draps, comme le ferait un homme ruiné ou acculé au suicide. Les parents, les frères et les sœurs se relaient pour lui demander ce qui s’est passé. On se dit qu’il a cédé à une crise de folie et que la police ne va pas tarder à venir le quérir. En réalité, progressivement, à pas feutrés, on découvre que le procès qui est fait à cet individu est celui de son homosexualité et de la relation qu’il entretient avec un homme émancipé et heureux.

© memento films

Ce long métrage absolument fascinant raconte avec effroi le destin de tout un pays, le Guatemala, partagé entre ses relents réactionnaires et le besoin d’émancipation d’une société moderne. La religion emprunte des pratiques d’un autre monde où elle tente, sous des dehors bienveillants et humanistes, de transformer la psychologie des gens et de leur faire renoncer à la vérité de leurs désirs sexuels. Pendant tout le film, le spectateur se demande s’il est plongé dans une fable sociale ou si, au contraire, le réalisme du récit est au service d’un combat à mener pour défendre la liberté. En fait, la mise en scène est suffisamment subtile pour éviter l’écueil du pamphlet. Elle ne démontre jamais, mais laisse le spectateur se faire sa propre idée des méthodes qui sont employées pour détourner les hommes de leurs penchants sexuels. Le cinéaste choisit un rythme lent, assuré, et ne cède jamais à la facilité émotionnelle ou sensuelle. Au contraire, il tente de décrire, sans appesantir son regard, combien il est difficile d’être soi dans une société gouvernée par les valeurs familiales et religieuses.

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La direction d’acteurs est tout à fait convaincante. Le héros principal, interprété par Juan Pablo Olyslager, est totalement bluffante. On se laisse emporter dans ce récit violent grâce à des comédiens qui n’abusent pas des cris ou des excès, pour donner à comprendre la détresse de leur situation. Même l’épouse trompée parvient à être crédible et ne s’engouffre pas dans la facilité démagogique. Le spectateur mesure que la véritable culpabilité se situe du côté d’un pays tout entier, qui peine à émanciper ses citoyens et à accepter que la norme sexuelle ne soit pas le moteur de l’existence.