Travaux, on sait quand ça commence... - la critique

Une comédie irrésistible.

L’argument : Brillante avocate et égérie des sans-papiers, Chantal traîne une vie affective proche de la calamité. Un soir, drame de l’alcool et de l’appel des sens, elle cède aux avances de Frankie (Jean-Pierre Castaldi), beauf patenté inaccessible au doute. Afin de se débarrasser du prince charmant qui s’incruste, Chantal décide de faire des travaux pour rendre son appartement inaccessible.

Notre avis : Osons le dire, le sujet ne laissera personne indifférent ! Un jour ou l’autre la vie de tout un chacun peut basculer dans les travaux, autant dire dans un lieu sans limites, entre purgatoire et ultime cercle de l’enfer. Une armada de clandestins colombiens, "tous polyvalents", investit donc les lieux à la façon des hordes d’Attila, sous la direction artistique et diplomatique d’un architecte jamais en panne d’idées.
Si on regarde les choses attentivement, comme le fait l’ex de "Tchan’tal", "pour virer un gros, [elle s’] en est mis six sur le dos". Car Travaux est en fait l’histoire de cette promiscuité, de cette cohabitation forcée qui laisse forcément des traces dans les cœurs et un parfum de nostalgie après le retour au calme.

Lorsque Condé, le Malien, se retrouve à la rue, Chantal déplie tout naturellement un matelas près de son propre lit, puis un deuxième, et encore un autre, parce que "si lui dort ici, pourquoi pas moi !"
C’est dans cette intimité obligée, dans ces liens que crée le partage du quotidien, qu’on apprend à se connaître, à s’aimer et à se respecter. "Un immigré, c’est sacré !" martèle Chantal à ses enfants. Il faut pourtant concilier principes altruistes et coups de gueule salutaires, lorsque la mesure a été passée.
Entourée d’une splendide équipe d’amateurs colombiens dirigés avec panache par Marcial Di Fonzo Bo, Carole Bouquet n’en finit pas de "casser son image". Tout le monde a pourtant compris le ressort comique qui l’anime et son jeu se fait sans contrainte, sous le regard tendre de la caméra de Brigitte Roüan. Quelques effets spéciaux comme les aime la réalisatrice (on se rappelle le petit nuage rose de Post coïtum) transforment Chantal en Merlin l’enchanteur ou Mary Poppins, encore une preuve qu’il y a bien dans cette comédie irrésistible quelque chose de magique !