Quoi de neuf à Espigoule ?
Le 13 janvier 2007
Une "comédie citoyenne", militante et franchement réaliste.
- Réalisateur : Christian Philibert
- Acteurs : Mohammed Metina, Jacques Bastide, Jean-Marc Ravera
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
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– Durée : 1h28mn
Après son remarquable Les quatre saisons d’Espigoule, Christian Philibert repart pour sa Provence d’origine pour y dénoncer les problèmes d’intégration, de racisme mais aussi d’une justice à deux vitesses. Une "comédie citoyenne", militante et franchement réaliste.
Momo (Mohammed Metina), jeune beur des cités, sort tout juste de deux mois de prison pour détention de cannabis. Fermement décidé à se racheter, il décide de retourner en Provence, sa terre natale, pour trouver un emploi. Sa sœur lui présente Gilou qui lui offre une période d’essai chez Guti Frères, une entreprise spécialisée dans l’installation de chaudière au gaz. Momo y découvre des pratiques professionnelles scabreuses : chantier délabré, escroquerie, magouilles, menaces aux victimes... Consterné, il décide de se révolter..
Qui n’a jamais entendu cette terrible expression : "c’est du travail d’Arabe" ? Comme pour décrire un boulot mal fait, mal réalisé. A ce merveilleux dicton s’ajoute la pincée de racisme qui fleure bon notre belle Provence, du moins celle ayant voté à plus de 20% pour un borgne qu’il vaut mieux ne pas citer.
Passés ces provocantes imputations, ce que cherche à dénoncer Christian Philibert par cette "comédie citoyenne" n’est pas tant les comportements xénophobes qui hantent le sud de la France que le manque de professionnalisme de certaines PME. Les frères Guti en sont l’archétype. On se délecte de découvrir l’étendue de leurs misérables magouilles mises en scène avec le brin d’humour qui suffit à dédramatiser ces pathétiques agissements. Mais heureusement il y a aussi Momo (Mohamed Metina excelle de par son naturel), Mémé (Jeanne Dhivers) et Jacques (Jacques Bastide, le Don Quichotte de la région). Eux savent parler d’amour, de respect et essaient (tant bien que mal) de se révolter. Le propos du cinéaste est radical : anti-raciste, anti-fasciste et anti-con surtout.
Comme pour Les quatre saisons d’Espigoule, le réalisateur met en scène des acteurs non professionnels pour la plupart et accorde une large place à l’improvisation. Le résultat est probant, des dialogues très drôles et vraiment naturels, accompagnés d’une réalisation linéaire qui donne à cette fiction un air de documentaire proche de la réalité.
Loin des super héros et autres anticipations schizophréniques qui vont inonder l’été, Travail d’arabe nous ramène chez nous, pas loin d’Espigoule, là où on escroque, on vole et surtout là où des petits délinquants croupissent en prison alors que d’autres, les vrais voyous, ont pignon sur rue. "Qui mérite le plus d’aller en prison ?" s’interroge notre cinéaste.
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