Le 18 octobre 2024
Septième service d’un banquet roboratif voire écœurant, Rise of the Beasts est le digne héritier de ses prédécesseurs : interminable, illisible, infantile.
- Réalisateur : Steven Caple Jr.
- Acteurs : Dominique Fishback, Anthony Ramos, Luna Lauren Velez, Dean Scott Vazquez, Tobe Nwigwe, Cristo Fernández
- Genre : Science-fiction, Action, Nanar
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Durée : 2h08mn
- Date télé : 18 octobre 2024 23:53
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Titre original : Transformers: Rise of the Beasts
- Date de sortie : 7 juin 2023
- Voir le dossier : La saga Transformers
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Ce nouveau volet se déroule au cœur des années 90 et nous emmène aux quatre coins du globe. Une toute nouvelle faction de robots Transformers - les Maximals - se joindront aux Autobots dans l’éternelle bataille qu’ils livrent face aux Decepticons.
Critique : « Cette histoire que je vais vous raconter, elle se déroule au début des années 90. Pile au moment où on était en guerre avec Saddam et les Irakiens. Je dis ça juste parce que, parfois, y a un type – je dirais pas un héros, c’est quoi un héros ? – mais parfois, y a un type... […] Il est l’homme de la situation, à ce moment précis, dans ce lieu précis… Il est à sa place. »
On nous passera cette facétie liminaire mais il fallait bien le monologue d’ouverture de The Big Lebowski pour greffer un peu de substance à Transformers : Rise of the Beasts. Car, au fond, de quoi parle Transformers ? De rien, rien du tout. Là où certaines sagas exhument et réécrivent les grands récits littéraires ou mythiques, cette série n’est que du vide construit sur du néant. Il y a bien un type, vaguement héroïque (ici, il s’appelle Noah Diaz), mais cela demeure, pour le reste, l’adaptation filmique d’un cartoon lui-même conçu dans le seul but de vendre des jouets. Adaptation qui génère elle-même des produits dérivés et redémarrages à intervalles réguliers – un exemplaire cercle vicieux de consumérisme, d’autant plus qu’il a l’heur d’être autophage.
- © 2023 Paramount Pictures. All Rights Reserved.
Après cinq volets extrémistes de Michael Bay, s’enchaînant jusqu’au point de non-cinéma, la saga faisait donc cap vers les années 80, période-doudou du blockbuster hollywoodien contemporain, dans le sympatoche Bumblebee. Rise of the Beasts a lui aussi l’œil dans le rétro et situe son récit dans les années 90. Pas de doute : en deux coups d’essuie-glace, on comprend qu’on est à New York en 94 : hip-hop (Wu-Tang Clan, LL Cool J, Digable Planets), Game Boy, sapes larges et... tours jumelles. La division France du studio Paramount semble d’ailleurs avoir pris ce facteur nostalgique très au sérieux en sollicitant Dorothée et Ophélie Winter pour donner de la voix et en confiant le (calamiteux) thème du générique de fin au vénérable MC Solaar. Sans doute Charly et Lulu n’étaient-ils pas disponibles ?
- © 2023 Paramount Pictures. All Rights Reserved.
Une madeleine de Proust toutefois sans grande saveur, tant le film se borne à renouer servilement avec la cacophonie si chère au cœur de Bay, le talent gonzo en moins. Certes, les héros sont désormais un peu moins blancs (même un des robots a un accent hispanique – ne cherchez pas) ; certes, les femmes sont un peu moins réifiées et un peu plus maîtresses de leur destin. Mais on peut tout de même difficilement parler de progressisme quand les vilains défauts sont toujours les mêmes. À savoir : d’interchangeables bastons métallurgiques, aussi longues, prévisibles et désincarnées qu’un match de catch, disputées par des robots sévèrement tunés dotés de voix de stentors. À la longue, ça en devient presque amusant : on dirait qu’ils participent un concours d’imitation de Barry White... Tout cela serait parfaitement indolore si Transformers ne s’échinait pas à vouloir, à chaque fois, nous faire ressentir les vraies émotions qu’on ressentirait devant des péripéties arrivant à des vrais gens, et non des amas de métal hurlant.
Au détour d’un plan, on surprend même le réalisateur Steven Caple Jr. à singer Spielberg et Jurassic Park – notamment l’iconique scène où l’on découvre les dinosaures pour la première fois. L’hommage est louable, quoiqu’audacieux, puisqu’il court le risque de se comparer à un film qui lui est en tous points supérieur. D’autant qu’on sait depuis quelques années que la fonction de « réalisateur » sur ce genre de grosses machines consiste principalement à jouer les chefs d’orchestre lors de quelques scènes sur fonds verts, avant de refiler le bébé aux équipes (pressées comme des citrons) des boîtes d’effets visuels.
Spoiler : ce sont (toujours) les gentils qui gagnent à la fin, alors que les méchants ne sont (jamais) vraiment morts et attendent tapis dans l’ombre pour revenir faire du grabuge. Spoiler bis, et pas des moindres : en sus de prochains affrontements cousus de fil blanc, il faudra également composer avec un croisement avec... G.I. Joe, autre pilier des cours de récré exploité par Paramount. On savait déjà que le blockbuster hollywoodien en était réduit aux dimensions d’un coffre à jouets, mais jamais un tel aveu d’infantilisme n’avait été formulé aussi limpidement. Effectivement : l’enfant de six ans qui sommeille en vous pourrait être tenté d’aller voir Rise of the Beasts, et même de l’apprécier. Il pourrait aussi faire le choix, plus raisonnable et plus avisé, de rester à la maison à faire une bonne sieste.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.