Eye see you
Le 11 octobre 2018
Une plongée courageuse et sensorielle au cœurs de corps et d’âmes abîmés, mais qui ne parvient pas à convaincre complètement tant le résultat expérimental est lent et confus. Dommage car Adina Pintilie, au sens de l’esthétique certain, tenait là un sujet en or
- Réalisateur : Adina Pintilie
- Acteurs : Tomas Lemarquis, Laura Benson, Christian Bayerlein
- Genre : Documentaire, Drame social
- Nationalité : Allemand, Roumain, Tchèque, Bulgare
- Distributeur : Nour Films
- Durée : 2h09mn
- Date de sortie : 31 octobre 2018
- Festival : Festival de Berlin 2018
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Résumé : Entre réalité et fiction, TOUCH ME NOT suit le parcours émotionnel de Laura, Tómas et Christian qui cherchent à apprivoiser leur intimité et leur sexualité. Si cette soif d’intimité – toucher et être touché, au sens propre comme au sens figuré – les attire autant qu’elle les effraie, leur désir de se libérer de vieux schémas est plus fort. Espace de réflexion et de transformation, TOUCH ME NOT s’attache à comprendre comment vivre l’intimité de manière totalement inattendue et comment aimer l’autre sans se perdre soi-même.
Notre avis C’est une femme dont on prononce à peine le prénom. Elle a la cinquantaine passée, elle est belle. Elle passe ses journées dans un centre hospitalier où elle assiste un homme, handicapé et inerte, qu’on imagine être son mari ou son père. Elle arpente les murs blancs, filmés comme une œuvre contemporaine de peinture, où des adultes handicapés, essayent de se reconstruire voire de se construire tout court. Elle assiste notamment à un groupe de sophrologie où elle observe un homme chauve, aux yeux sublimes, qui découvre, lors d’un exercice de relaxation mentale, le corps défait d’un patient.
- © 2018 Nour Films & Les Films de l’Etranger. Tous droits réservés.
Le décor planté de cette expérience cinématographique, on comprend très vite qu’il est à la fois le théâtre d’une introspection douloureuse de la part de la réalisatrice et protagoniste centrale à l’intérieur de leur propre territoire sexuel, et d’un documentaire qui essaye de montrer le combat que chacun mène, en situation de handicap ou pas, contre ses inhibitions et complexes. Le sujet est osé. Si la réalisatrice se met à distance de ce récit en engageant un dialogue entre les acteurs et la caméra, elle plonge son regard singulier dans les bas-fonds de la sexualité masochiste, en devenant elle-même le jouet de cette quête de la sexualité. Car Touch Me Not constitue une véritable quête intime et spirituelle pour les personnages principaux qui la composent, à savoir cet homme énigmatique, qu’on présume infirmier, qui rentre dans l’intimité sexuelle et affective de son patient, handicapé au regard lumineux qui contraste avec les déchirures du corps, et cette femme qui n’assume pas sa propre nudité.
Il faut saluer d’emblée le travail merveilleux de la photographie. La blancheur inonde souvent l’écran. Le cadrage évoque des œuvres picturales de Mondrian ou des peintres cubistes du début du vingtième siècle. La musique, énigmatique, réflective, quasi intellectuelle, accentue le travail minutieux exercé sur la lumière et l’image. En ce sens, Adina Pintilie échappe au risque de la vulgarité et du voyeurisme en offrant au spectateur un projet de cinéma à la limite de l’iconographie. On se demande même pendant tout le film, si finalement, plus qu’un écran de cinéma, le film n’a pas vocation avant tout à trôner dans une exposition expérimentale de musée contemporain. C’est peu dire de la qualité esthétique et visuelle de cet essai.
- © 2018 Nour Films & Les Films de l’Etranger. Tous droits réservés.
La difficulté de ce film demeure toutefois son excès d’ambition dans sa volonté à atteindre une forme d’abstraction et de perfection. En effet, à vouloir trop en dire ou trop bien dire, le film verse aussi dans le pointillisme ronfleur. Les dialogues trop écrits, comme une Duras savait les sublimer, se perdent au gré d’une série de tableaux qui égarent le spectateur et l’éloignent du récit. Ce maniérisme s’étend in fine au jeu des comédiens eux-mêmes, nourrissant l’impression d’un métrage trop long.
Les maladresses réelles ne doivent toutefois pas diminuer le talent indéniable de la réalisatrice, qui s’est déjà distinguée dans quelques courts et moyens métrages. Si l’on quitte l’expérience désorienté, une part d’admiration nous donne envie de reprendre le chemin avec elle. A suivre, donc.
- © 2018 Nour Films & Les Films de l’Etranger. Tous droits réservés.
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