J’épouse ma manucure
Le 9 avril 2012
La mise en scène enlevée et inventive et la vivacité des interprètes féminines distinguent du lot ce parfait produit manufacturé de luxe, typique des dernières années du muet.
- Réalisateur : Augusto Genina
- Acteurs : Hermann Vallentin, Carmen Boni, André Roanne, Carla Bartheel, Hans Junkermann, Oreste Bilancia, Max Lenclos, Lya Christie
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français, Allemand, Italien
- Durée : 1h28mn
- Date de sortie : 13 juillet 1928
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– Sortie en Allemagne : 26.01.1928
La mise en scène enlevée et inventive et la vivacité des interprètes féminines distinguent du lot ce parfait produit manufacturé de luxe, typique des dernières années du muet.
L’argument :René Gavart a reçu, de son père, l’ordre de se marier. Le jeune homme ne tient guère à renoncer eu célibat. Alors, pour rendre impossible l’exécution de la sentence paternelle, il imagine d’aller, en vitesse, se marier à Londres et divorcer aussitôt. Il lui faut une partenaire : il choisit Totte, sa manucure, qui accepte sans hésiter beaucoup, car elle s’est éprise de son client, René. Mais le père Gavart a eu vent de l’escapade de son fils. Il le rejoint à Londres et lui ordonne de partir pour l’Amérique. Seule et désespérée, Totte rentre à Paris. Son amie Nénesse lui fait faire la connaissance d’un monsieur d’âge respectable, qui lui fait la cour, et à qui elle conte ses peines. Or le vieux monsieur n’est autre que le père Gavart. Tout s’arrangera. René n’est pas parti pour l’Amérique. Il rentre à Paris à son tour, pour rechercher Totte qu’il est bien résolu à garder comme femme. A son grand étonnement, c’est son père qui lui ramènera ! (Sujet dans Cinémagazine N° 9, 2 mars 1928 repris sur le site de la Fondation Pathé).
Notre avis : Après avoir participé activement au premier âge d’or du cinéma italien en tournant une soixantaine de films entre 1912 et 1925 (dont l’excellent Cirano di Bergerac de 1922) Augusto Genina fut amené, sous l’effet de la grave crise du cinéma transalpin, à travailler essentiellement à Paris (Prix de beauté avec Louise Brooks ; Paris-Béguin) et à Berlin (Karneval der Liebe).
Totte et sa chance, alias Der Sprung ins Glück, ou encore La storia di una piccola Parigina est un parfait exemple de film européen, puisque, censé se passer à Paris (et à Londres pour l’épisode du mariage), il s’agit d’une co-production entre la Société des Cinéromans et la Nero-Film GMBH de Seymour Nebenzahl, avec également une participation italienne.
La distribution et l’équipe technique ne sont pas moins cosmopolites, le grand chef opérateur italien Vittore Armenise étant par exemple assisté par l’allemand Friedl Behn-Grund.
- Carmen Boni et André Roanne - Totte et sa chance (1927)
L’intrigue, tirée d’un roman totalement oublié de Pierre Soulaine, est prétexte à une comédie enlevée et bon enfant qui évite soigneusement d’exploiter la charge sociale potentielle du sujet pour aligner les scènes pittoresques et les morceaux e bravoure : un mariage londonien organisé en hâte avec des témoins trouvés par le portier de l’hôtel (une concierge et un croque-mort parfaitement caricaturaux) ou un grand numéro de danse avec un orchestre nègre déchaîné dans une boite de nuit parisienne chic.
Genina, réalisateur talentueux et professionnel jusqu’aux ongles (la moindre des choses pour une histoire de manucure), démontre sa parfaite maîtrise du style synthétique international (germano-hollywoodien) en vogue à la fin du muet et son film est exactement conforme aux attentes : un pur produit commercial de catégorie supérieure (voire de luxe), une machine parfaitement huilée qui se distingue cependant du tout venant par la vivacité et la précision d’une mise en scène qui accumule les trouvailles (l’héroïne ne disposant pour se faire belle que d’un petit miroir ondulé qui déforme son visage) ainsi que par des prestations d’acteurs solides bien qu’un brin routinières, surtout du côté des hommes.
Carmen Boni (née Maria Bonicatti), à l’époque épouse du réalisateur, surprend agréablement : charmante malgré un physique relativement ingrat, elle se démène avec une application touchante (son grand numéro de gosse mal élevée dans le restaurant chic quand elle tire la langue aux douairières offusquées). Elle connut une vraie popularité dans des rôles de garçon manqué (Venus im Fack de Robert Land, Scampolo, trente ans avant Romy Schneider, ou encore La femme en homme, ces deux derniers de Genina).
Mais on remarque aussi Carla Bartheel dans le rôle de l’amie Nénesse. Avec ses faux air de Marlène Dietrich elle avait vraiment l’étoffe d’une star et on s’étonne qu’elle n’ait fait qu’une brève carrière dans des rôles secondaires.
- Carmen Boni - Totte et sa chance (1927)
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