Le 23 février 2017
Un polar tendu et stylisé, infiniment noir malgré le soleil espagnol.
- Réalisateur : Kike Maillo
- Acteurs : Luis Tosar, Mario Casas, José Sacristán
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Action
- Nationalité : Espagnol
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h46mn
- Date télé : 12 juillet 2017 20:50
- Chaîne : Canal+ Cinéma
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– Sortie Blu-ray et DVD : le 22 février 2017
– Année de production : 2015
Résumé :
- (C) Marino Scandurra
Notre avis : Le film commence avec un jeu de tarot, séquence doublement programmatique : d’abord parce qu’elle introduit l’idée de destin, voire du « fatum » tragique, ensuite parce qu’elle joue dans l’intrigue un rôle essentiel qui ne sera dévoilé que peu à peu. C’est dire si dès le début on sent une maîtrise des enjeux scénaristiques, qui se confirme avec un entrelacs de motifs : les cartes, donc, mais aussi la gourmette, l’obsession de l’heure ou, plus cruel, les yeux arrachés. Ce tissu serré densifie le film, que rythment des scènes d’actions bien menées : la poursuite sur la plage est un modèle du genre. Mais c’est dans les explosions de violence sèche qu’il se révèle plus original, notamment par sa noirceur sans concessions ; que ce soit le meurtre de la belle-sœur ou, évidemment, la torture de la fiancée, ces séquences sont dignes des meilleures romans noirs.
- Copyright Koch Media
Comme souvent dans les polars, genre à ce point balisé qu’il en devient difficilement renouvelable, le cinéaste en fait en partie un exercice de style, multipliant les images destinées à marquer ; on se souviendra en particulier du sang dévalant le toboggan. Cette esthétisation de la violence n’est pas sans donner à réfléchir : pour une œuvre aussi sombre, aussi désespérée, traquer la belle image peut sembler un contresens, voire une glorification. Autrement dit la morale ne peut que s’inviter dans cette stylisation presque abstraite par moments ; on n’est pas si loin de Nicolas Winding Refn et des problèmes qu’il soulève. Néanmoins, la séduction apparente laisse intacte la cruauté de nombreuses scènes, brutales, quasiment nihilistes. On y sera plus ou moins sensibles, mais la cohérence de l’ensemble est indéniable. On regrettera même qu’il n’aille pas plus loin, notamment dans la sous-utilisation de décors fabuleux.
- Copyright Koch Media
En revanche l’implacable construction fascine sans réserves : chaque action en entraîne une autre, dans un crescendo barbare et haletant. Il faut bien l’avouer, on reste scotché devant cette tension dramatique qui ne connaît pas de point mort ; le rythme, essentiel, est remarquablement travaillé et amplifie la tragédie qui, comme toute tragédie, se joue en famille. C’est d’ailleurs un motif capital que ces relations entre les frères et le père d’adoption : tout le film peut s’analyser comme un conflit œdipien avec désir de meurtre, reniement et conflit autour du nom. Sans insister, Maillo nourrit son film de phrases-clé (« Ce qui est beau est vénéneux », « l’Espagne est un pays de mauvais frères ») qui créent un sous-texte des plus profonds. Inutile de dire que, à côté de séquences d’un sadisme déchaîné, Toro en tire une force peu commune, qui fait de cette œuvre une belle réussite, description froide d’un monde gangrené et impitoyable.
Les suppléments :
Le making of est plutôt bien fait, dans les limites du genre, avec son lot d’informations et de compliments lassants (32mn) ; à quoi s’ajoute la bande-annonce.
L’image :
Magnifique de précision, de contrastes ; que ce soit les intérieurs colorés ou les paysages maritimes, tout est parfaitement rendu.
Le son :
Le son cristallin de la guitare, les vrombissement des moteurs ou les sèches détonations résonnent avec ampleur et les deux pistes DTS-HD 5.1 sont exemplaires.
Galerie Photos
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