Le 4 avril 2017
Une seconde chance pour ce film exigeant, lent et fascinant.
- Réalisateur : Naji Abu Nowar
- Acteurs : Jacir Eid, Hassan Mutlag, Hussein Salameh
- Genre : Drame, Aventures
- Nationalité : Britannique, Qatarien, Emirati, Jordanien
- Distributeur : Jour2fête
- Editeur vidéo : Jour2Fête vidéo
- Durée : 1h40mn
- Box-office : 9729 entrées France
- Date de sortie : 23 novembre 2016
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– Sortie DVD : le 4 avril 2017
Résumé : Péninsule Arabique, 1916, sous l’occupation britannique.Dans un campement bédouin, au coeur du désert, le jeune Theeb, 10 ans, vit avec son grand frère Hussein, qui lui transmet les traditions ancestrales. Une nuit, un officier britannique s’invite dans la communauté : Hussein accepte de le guider à la recherche d’un puits, sur la route de la Mecque. Mais Theeb refuse de se séparer de son frère et décide de les suivre à distance...
Le film : Ce qui étonne pour un premier film, c’est d’abord cette maîtrise très classique de la mise en scène : sobre, sans fioritures, mais précise et exigeante, elle respecte le point de vue de l’enfant, jouant sur le proche et le lointain avec talent. D’autant que le scénario, lui aussi très classique et même parce qu’il est très classique, permet au spectateur occidental de trouver des repères face à un monde déconcertant, celui des Bédouins en 1916. De ce point de vue, l’aspect documentaire est passionnant : la langue, évidemment, mais aussi les coutumes (les nombreuses formules de politesse, l’importance des préceptes …) ou les comportements ont quelque chose d’étrange qui ne laisse pas de séduire. En somme c’est une plongée dans un univers étranger, à la fois dans l’époque et dans l’espace, où même le temps semble couler différemment : le rythme du film, lent et par moments hypnotique, se calque sur le mode de vie de ses personnages. On peut s’ennuyer, l’action étant réduite à sa portion congrue, on peut également être fasciné par cet ailleurs, auquel la beauté âpre des paysages donne un charme serein.
- Copyright Laith Al-Majali
Globalement, l’histoire est très familière : il s’agit d’un récit initiatique, Theeb apprenant peu à peu à vivre au contact des autres, puis seul, récit qui est la matrice d’un nombre incalculable de films et de romans. Le cinéaste ne renouvelle pas le genre, mais il en utilise les codes avec talent, notamment en multipliant les échos et les parallèles qui, là encore, structurent de manière très classique son œuvre ; ainsi verra-t-on réapparaître des objets (la montre, la boite), des symboles (le dessin sur la pierre mortuaire), des situations (l’hésitation devant le fait de tuer) ou des comportements (le rasage). Cette architecture solide laisse du temps pour la déambulation ou l’observation, pour un silence têtu, pour ces moments a priori inutiles à la narration et qui pourtant en font le sel. Elle n’évite pas cependant les clichés (ah ! La connaissance des étoiles …) mais permet de valoriser des éléments du scénario ; ainsi Theeb se trouve-t-il à plusieurs reprises en situation de tuer : le mouton, le bandit deux fois, mais ce n’est qu’à la toute fin, devenu « adulte », qu’il peut exécuter le meurtrier de son frère. La progression, nette, tranchée, est aussi une surprise : les dernières images ont la beauté sobre des tragédies, avec ce qu’il faut d’inéluctable.
- Copyright Laith Al-Majali
Tout n’est pas de la meilleure eau dans Theeb, mais la mise en scène de quelques séquences suffit à sauver le film de l’anonymat : la disparition du frère dans le noir quand les invités arrivent, le cheminement dans le défilé, du pur western, le long travelling qui suit le jeune héros quand il va à la rencontre du chameau au loin, etc. Ici la caméra se tient à distance, sans la facilité d’un montage explicite. On sent une maîtrise très réfléchie, bâtie sans doute sur l’étude des grands aînés (le réalisateur cite Kurosawa et Ford dans les bonus) et qui tend à l’intemporel. : l’intrigue squelettique prend ainsi une densité, une ampleur remarquables. De toute évidence, Naji Abu Nowar fait partie des gens à suivre, d’autant qu’il sait utiliser des comédiens amateurs qui donnent le meilleur, sans cabotinage aucun. On espère que le DVD lui permettra de rencontrer un public plus large que sa décevante carrière en salles.
- Copyright Laith Al-Majali
Les suppléments :
Outre la très dispensable « minute cinéma » du réalisateur (2mn), le DVD contient un entretien avec le même très instructif sur la culture bédouine ou les problèmes posés par le tournage dans le désert (14mn).
L’image :
Même si on aurait apprécié la précision du Blu-ray pour retranscrire la beauté du désert, les couleurs sont satisfaisantes, les noirs profonds à souhait. La définition trouve cependant parfois sa limite, en particulier dans les gros plans.
Le son :
C’est quand la douce et belle musique s’élève qu’on apprécie vraiment la piste 5.1, la seule disponible, plus que dans la restitution des dialogues ou des bruitages sans éclat.
Galerie Photos
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