Le 31 janvier 2021
La descente aux enfers d’une coiffeuse au bout du rouleau. Un film d’épouvante soigné, transcendé par la performance de Najarra Townsend.


- Réalisateur : Jill Gevargizian
- Acteurs : Brea Grant, Najarra Townsend, Sarah McGuire
- Genre : Drame, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Festival : Festival de Gérardmer 2021

L'a vu
Veut le voir
Résumé : Tout le monde rêve de devenir quelqu’un d’autre… mais pour Claire ce rêve devient une obsession, puis un véritable cauchemar. Son travail de coiffeuse lui permet de s’évader en écoutant les histoires de ses clientes jusqu’au moment où elle décide d’arrêter la discussion… et d’en finir pour de bon avec elles. La vie solitaire de Claire, avec sa routine bien ordonnée et ses secrets inavouables, est chamboulée le jour où une de ses fidèles clientes lui demande de la coiffer pour son mariage… Distributeur -
Critique : Qui dira le désarroi de Claire, coiffeuse réservée, condamnée à entendre les confidences de ses clientes ? Dans ses fantasmes, elle arrache le scalp de l’une d’entre elles, pour se payer littéralement sa tête et avoir enfin la sensation d’exister. Dans la réalité, Claire est une jeune femme solitaire, névrosée, dont l’existence croise celle d’une habituée de son salon, promise à la conjugalité.
Dès lors, on comprend pourquoi, symboliquement, la jeune rousse aux cheveux ondulés exprime ses réticences à lui faire une coupe, lorsque la future mariée le lui demande instamment, les noces approchant à grands pas. Claire donne le plus souvent l’impression de s’effacer. Ses gestes semblent s’excuser, ses yeux fuient des situations qui, sans cesse, l’accablent. Et quand on lui demande de parler d’elle, un trouble passe comme une ombre sur ses mots. Des confidences familiales douloureuses vont définitivement faire basculer la coiffeuse dans la folie meurtrière. On le pressentait depuis longtemps.
Tiré d’un court métrage multirécompensé, ce premier long de la réalisatrice Jill Gevargizian s’avère très soigné. Sur des ambiances urbaines, la caméra pose des filtres de couleurs assortis aux humeurs de la protagoniste, tantôt fauves, tantôt sombres, jouant sur des images plus granuleuses, lorsqu’il s’agit d’incarner, dans un sous-sol que l’héroïne s’est aménagé, une représentation plus immémorielle du personnage, quasiment sorti des contes, comme une version féminine de la Barbe bleue. La trajectoire de Claire chemine logiquement vers une issue fatale, à travers une ultime séquence effrayante et pathétique.