Le 23 février 2025
Si le film ne renouvelle absolument pas le genre, cette adaptation au cinéma d’une nouvelle de Stephen King ne manque ni de peps ni d’humour. Pour les amateurs de gore et d’hémoglobine.


- Réalisateur : Osgood Perkins
- Acteurs : Elijah Wood, Tatiana Maslany, Theo James, Christian Convery
- Genre : Épouvante-horreur, Comédie horrifique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h38mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 19 février 2025
- Voir le dossier : Stephen King

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Résumé : Lorsque Bill et Hal, des jumeaux, trouvent dans le grenier un vieux jouet ayant appartenu à leur père, une série de morts atroces commence à se produire autour d’eux...
Critique : S’il y a des évènements qu’on n’espère pas, c’est bien celui d’hériter d’un jouet maléfique dont il faut tourner la clé pour voir des morts terribles et inexplicables s’abattre autour de soi. C’est ce qui arrive aux jumeaux, Bill et Hal, nés à quelques heures d’intervalle, dont le père a laissé en souvenir cette étrange figure de singe qui arbore un sourire maléfique et surtout est capable de perpétrer des crimes sanglants et cruels, juste en précipitant le destin. Et c’est ainsi que les deux mômes, qui vont finir par se haïr profondément l’un l’autre, espérant d’ailleurs que le singe aura raison de leur vie, finissent par perdre tous leurs proches, à commencer par leur mère puis l’oncle et la tante qui les recueillent.
- Copyright Metropolitan FilmExport
The Monkey est donc l’histoire assez traditionnelle dans le genre horrifique d’un jouet mécanique, ici un singe, que personne ne voudrait posséder. On pense alors à Chucky, ou Annabelle ou encore aux Jouets démoniaques (1992) qui nourrissent depuis longtemps le mythe de forces maléfiques s’emparant d’objets d’enfants pour massacrer de pauvres victimes innocentes. Là où le genre évolue un peu dans cet opus, c’est que le récit s’articule autour de la description d’une paternité ratée avec d’abord, à l’origine, un père absent qui laisse une mère élever seule ses deux garçons, puis, plus tard, un héros qui renonce à la paternité pour protéger un adolescent qu’il n’éduque pas. D’autres pères hantent cette histoire qui flirte entre le comique et l’épouvante, dans un joyeux bain de sang et de cruauté. Osgood Perkins s’amuse à proposer une variation assez éclectique du film d’horreur où les tueries sont perpétrées par des objets, à la façon de la série des Saw où le psychopathe met en place de savants pièges que les victimes activent malgré elles pour provoquer leur mort.
On n’est donc pas dans le film d’épouvante le plus original de cette dernière décennie. Pour autant, le long-métrage se laisse regarder avec un certain plaisir, tant le gore ne prend jamais le pas sur l’humour et les situations décalées. Un air de fin du monde règne dans ces crimes tous aussi drôles que terrifiants, avec la mort qui rode dans les traits d’un fantôme hissé sur un cheval. En réalité, The Monkey a vocation de provoquer le rire, plutôt que le dégoût. Le décalage avec la réalité est absolument assumé par le scénario qui joue entre les époques et met en scène les ravages des situations de famille décomposées. La mise en scène prend une certaine intensité grâce à l’étalonnage qui apporte à l’image un aspect rougeâtre et visqueux, brouillant ainsi les périodes. Seuls des objets d’aujourd’hui comme le portable rappellent que l’histoire se déroule de nos jours, mais finalement, on perçoit dans la grimace du singe une forme d’intemporalité de la décadence et de la perversion.
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The Monkey s’affiche comme un petit film de série B, honnête et truffé d’ingéniosités. Les comédiens, assez convaincants, s’adonnent avec beaucoup de joie à ces rôles qui cultivent l’ambiguïté du mal et du bien. Il y a résolument dans la conduite d’acteurs un esprit burlesque qui ne manque ni d’intérêt, ni de sel pour cette histoire qui aurait pu succomber à un vulgaire produit cinématographique d’horreur. Bien sûr, la fin laisse présager une suite évidente des massacres par ce vilain singe, et l’on sait déjà qu’il faudra beaucoup d’imagination pour rendre le propos plus créatif. En plus, le réalisateur veille à ne pas exagérer les effets sanguinolents et gore, à l’inverse d’un Terrifier 2 qui ne repose que sur cet aspect.
The Monkey n’est donc pas le chef-d’œuvre du genre de l’année. Pour autant, il se laisse amplement regarder, rappelant que l’un des moteurs du cinéma demeure sa capacité à nous faire évader du réel. On s’amuse devant ces massacres étranges, et là est bien l’essentiel.