The Missing saison 1 – la critique (sans spoiler)

Notre avis : Tout dans The Missing rappelle la qualité et une certaine tradition des séries dramatico-policières anglaises. Le show, dans le traitement de ses personnages, en représenterait même finalement un stéréotype, dans le sens positif du terme. Attachée à deux périodes principales (2006 et 2014, avec un détour par 2009), cette première saison compose son parallèle entre deux enquêtes pour le même enlèvement d’une multitude de personnages, de leur évolution entre ces deux périodes et la manière dont ils se sont retrouvés impactés par la disparition d’Olly. Plutôt intelligemment, ces 8 épisodes confrontent le spectateur à l’importance psychologique provoquée par un tel drame, et pas seulement du côté des parents. Là réside l’une des forces de The Missing, sa capacité à englober une galerie très large de personnages, et de les suivre jusqu’au bout de son histoire, de manière plus ou moins justifiée scénaristiquement parlant. Même un rôle secondaire tel que celui de Rini, et alors que son utilité à l’enquête n’est que brève, connaît un avant, et un après sa participation à la résolution de la disparition, alors que rien ne semble le légitimer, si ce n’est la volonté des showrunners de travailler le background de chacun de ses personnages. Ainsi, avec une grande finesse, cette première saison explore autant la descente aux enfers du père de l’enfant que d’un suspect présumé tentant de vivre avec ses pulsions pédophiles, ou d’un des policiers de l’enquête au passé trouble.

Copyright : New Pictures Company & All3Media International

Avec un tel panel de personnages et cette ambition de les approfondir chacun un minimum, The Missing doit alors pouvoir compter sur un casting sans faille. Si James Nesbitt, dans la peau de Tony Hughes, manque parfois un peu de finesse dans son caractère colérique et impatient, le reste des acteurs, aussi bien anglais, français, que flamand, enrichissent par leur justesse la crédibilité de l’histoire, ou plutôt des histoires, de la série. Si bien que, malgré la tenue correcte de l’intrigue principale, on se prend à parfois attendre que la série n’oriente pas son regard sur la vie de Vincent Bourg et son combat contre ses pulsions, ou sur Khalid Ziane (excellent Saïd Taghmaoui ). Deux axes secondaires passionnants dans la manière qu’ils ont de nous attacher à des personnages aux actions condamnées par la société, mais considérés, par une écriture humanisante, sous un regard nouveau, bien plus empathique et torturé, et surtout sans jugement.

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Dès lors, lorsque des intrigues annexes parviennent à éveiller un plus grand intérêt que la principale, la série ne peut éviter certaines longueurs, relâchant l’attention du spectateur, venant d’une enquête distillant ses indices trop savamment. Preuve de sa plus grande aisance dans le genre dramatique que dans le genre policier, The Missing n’est jamais aussi captivante que lorsqu’elle explore les ressentiments de ses personnages, l’intimité de ces derniers. Surtout qu’au bout du compte, au vu de la résolution de la disparition d’Olly, on pourrait remettre en question l’utilité des nombreuses pistes évoquées, tant le fin mot de l’histoire n’a quasiment rien à voir avec. Mais passé cette étape de frustration, cette conclusion se révèle la plus cohérente avec l’orientation de la sérié. Loin des magouilles de gangs assez surréalistes vers lesquelles elle semblait se diriger, cette enquête se termine sur une explication dramatiquement absurde, bien plus simple et plausible, car arrivant quotidiennement dans notre réalité. Même dans la manière d’amener la résolution, par l’aveu d’un unique personnage, principe au combien rabâché dans les œuvres policières, la série consolide son approche très humaine, en montrant un coupable tout à fait lambda, rongé physiquement et moralement par son acte.

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Mais le véritable aboutissement de la tonalité de The Missing est à chercher dans son tour de passe-passe entre la première et la dernière scène de l’épisode final, où la série atteint son apogée et délivre de tragiques dernières minutes. Solide dans l’écriture, magnifiée par un parallélisme fort, la séquence finale de cette saison 1 abasourdit par son sous-texte dénué d’espoir, de la victime d’un (prétendu) prédateur prêt à tout pour obtenir des réponses jugées convenables, quitte à devenir exactement le genre de personne qu’elle traquait. Rarement, par une scène en particulier, et sans recourir à de la surenchère émotionnelle, une série ne s’était montrée aussi coup-de-poing quant à la difficulté voire l’impossibilité du deuil d’un être aimé. Troublant et poignant.

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