Le 11 novembre 2017
Ce film sur le deuil souffre malheureusement d’une mise en scène aussi figée que ses personnages.
- Réalisateur : Miwa Nishikawa
- Acteurs : Masahiro Motoki, Eri Fukatsu, Pistol Takehara
- Genre : Drame
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Mag Distribution
- Durée : 2h04mn
- Titre original : Nagai iiwake
- Date de sortie : 29 novembre 2017
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Résumé : Sachio, romancier aussi célèbre que cynique, est marié à Natsuko mais il y a bien longtemps que leur amour s’est envolé. Yoichi est l’époux de Yuki, la meilleure amie de Natsuko. Chauffeur routier, il s’use à la tâche pour faire le bonheur de son épouse adorée et de leurs deux enfants. Les deux amies périssent brutalement lors d’un accident de bus. A l’image de leurs vies, la réaction des deux hommes sera opposée. Quand Sachio ne ressent aucune tristesse et doit feindre l’affliction, Yoichi est inconsolable. Bouleversé par le chagrin de ce dernier, Sachio lui propose son aide. Face au quotidien humble et difficile de cette famille, l’écrivain va peu à peu s’ouvrir à la compassion et à l’altérité, et réalisera la perte qu’est la mort de sa femme.
Notre avis : Pour son cinquième long-métrage, qui est aussi le premier à bénéficier d’une véritable exploitation sur le sol français, la romancière et réalisatrice Miwa Nishikawa dresse le portrait de deux hommes que tout oppose. Tout sauf la perte d’un être cher : leurs femmes. Enfin, être cher, tout est relatif. Sachio, écrivain, ne regardait plus sa femme Natsuko depuis bien longtemps, allant même jusqu’à la tromper. Yoichi, chauffeur routier, est encore follement amoureux de son épouse Yuki lorsque celle-ci disparaît en même temps que Natsuko dans un tragique accident de bus. Les deux veufs vont alors tenter de faire leur deuil ensemble, Sachio trompant l’ennui et le syndrome de la page blanche en s’occupant des enfants de Yoichi tandis que ce dernier noie son chagrin dans les kilomètres que son camion avale. Malheureusement pour eux, comme pour le spectateur, le deuil est long et lent.
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Sachio et Yoichi sont comme les deux pôles d’un aimant qui se repoussent. Sachio est solitaire, misanthrope, froid, distant, indifférent au décès de son épouse. Yoichi est effondré par la perte de la mère de ses enfants, Shinpei, pré-adolescent rebelle, et Akari, petite fille sage mais au caractère déjà bien affirmé.
L’on pouvait penser, presqu’avec certitude, que ces quatre protagonistes auraient le temps, en deux heures de film tout de même, d’évoluer, de grandir, de progresser. Et bien pas vraiment, à vrai dire. Yoichi ne parle plus que de sa femme, délaissant peu à peu ses enfants. Shinpei, les yeux rivés sur les images de ses jeux vidéo, ne manquera pas de le lui faire remarquer, s’enfermant un peu plus dans sa rébellion pré-pubère. Mais cela ne changera rien, du moins rien à l’écran. Peut-être ce changement est-il si discret et si profond que ni la caméra ni le jeu des acteurs ne sont capables de le signifier au spectateur. Sachio, quant à lui, est sans cesse rattrapé par son cynisme, son mutisme et sa misanthropie. Voir la séquence où il renvoie dans ses buts une scientifique amie de Yoichi qui adore pourtant ses livres. Un petit espoir de libération se dessine lorsqu’il se remet timidement à écrire. Mais une fois encore, rien de très flagrant n’apparaît dans le jeu d’acteur ou la mise en scène.
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La mise en scène, parlons-en : sous prétexte de vouloir faire le portrait de deux hommes prisonniers de leur malheur, Miwa Nishikawa refuse les mouvements de caméra, composant son film presqu’uniquement de plans fixes, à quelques exceptions près. Ainsi la mise en scène est-elle aussi figée que les personnages, qui semblent délaissés et dont on aurait apprécié que le deuil les bouscule et les fasse se remettre en question. S’ils évoluent très légèrement, et insuffisamment, Sachio, Yoichi, Shinpei et Akari restent hantés par leurs inquiétudes et leurs démons, demeurant hermétiques à l’empathie du spectateur d’un bout à l’autre de l’œuvre.
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