Le 4 décembre 2014
Adaptation du roman Les disparus de Mapleton, The leftovers part d’un postulat fantastique pour mieux analyser les dessous d’une micro-société malade. Amateurs de séries psychologiques, celle-ci est pour vous.
- Acteurs : Liv Tyler, Justin Theroux , Ann Dowd, Amy Brenneman, Carrie Coon
- Genre : Série télé
- Nationalité : Américain
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Adaptation du roman Les disparus de Mapleton, The leftovers part d’un postulat fantastique pour mieux analyser les dessous d’une micro-société malade. Amateurs de séries psychologiques, celle-ci est pour vous.
© HBO
L’argument : Du jour au lendemain, un 14 octobre en apparence ordinaire, 2% de la population disparaît mystérieusement de la surface de la terre. Ces gens, de tout âge, se sont évanouis dans la nature, sans explication, laissant leurs proches dans l’angoisse, voire le désespoir.
Trois ans plus tard, la vie a repris son cours dans la bourgade de Mapleton, une petit ville près de New York, mais rien n’est plus comme avant. Personne n’a oublié ce qui s’est passé, ni ceux qui ont disparu. A l’approche des cérémonies de commémoration, le chef de la police locale, Kevin Garvey, est en état d’alerte maximale : des affrontements dangereux se préparent entre la population et un groupuscule comparable à une secte...
Notre avis :
Produit estampillé HBO, The leftovers a été diffusé en France sur Orange Cinéma Séries (OCS). Dès le départ, cette série se démarque de ses consœurs à succès telles que Sur écoute, Les soprano ou plus récemment Le trône de fer, par son aspect intimiste qui se veut fidèle au roman Les disparus de Mapleton de Tom Perrotta, dont il s’agit de l’adaptation. Le postulat de départ est surnaturel, digne d’un roman de Stephen King (Les Langoliers), et finalement évocateur de la série Lost : un 14 octobre, 2 % de la population mondiale disparaît totalement des écrans radars, sans aucune explication rationnelle. Certains étaient en train de manger, d’autres de faire leurs courses, de conduire et même de faire l’amour, quand soudainement... ils se sont volatilisées. Un événement qui bouleverse l’humanité, plus traumatisant encore qu’un drame historique comme le 11 septembre 2001...
© HBO
Tout au long des 10 épisodes de 52 minutes, The leftovers n’axe pas la réflexion sur ce qui s’est passé ce 14 octobre mais s’attache donc à évoquer les conséquences de cet événement, notamment à Mapleton, petite bourgade où l’action est posée. Trois ans après le “grand enlèvement” qui a concerné quasiment toutes les familles, orphelines, les stigmates sont toujours vifs : certains ont perdu un membre de leur famille voire même plusieurs, si ce n’est leur famille entière, comme la belle Nora Durst qui pleure la disparition de son époux et de ses deux enfants. Même ceux qui n’ont pas subi l’évanouissement d’un proche, ont vu leur existence chamboulée. C’est le cas de la famille du personnage principal : le chef de police Kevin Garvey. Depuis ce 14 octobre, son père s’est muré dans la folie, sa fille a perdu toute joie de vivre, son aîné a mis les voiles, quant à sa femme, elle a rejoint une sorte de secte.
Très psychologique dans son approche de ses protagonistes, The leftovers profite d’un postulat fantastique pour dresser le portrait d’une société malade, dont les éléments ont bien du mal à se remettre d’un fait pour le moins improbable, qui a pourtant bien eu lieu. L’on pense évidemment à Under the Dome d’après King dans l’intention d’utiliser le surnaturel pour tisser une constellation métaphorique.
La série pose constamment la question du comment vivre l’après. Personne ne parvient à reprendre sa vie normalement. Et, comme toujours dans les moments successifs à une tragédie, on assiste à l’essor de mouvements extrémistes. Ainsi, plusieurs sectes font leur apparition dont deux que l’on va suivre en suivre en particulier. D’un côté les gens qui ont rejoint Wayne, un gourou ayant la faculté d’ôter la douleur des gens en les prenant dans ses bras, de l’autre côté, une étrange confrérie où tous sont habillés de blanc. Ces individus refusent de parler et communiquent uniquement en s’écrivant des mots. Le choc du 14 octobre a totalement remis en question chez eux la notion de famille, comme le prouve leur communautarisme exacerbé. Pour autant, ils cherchent constamment à rappeler la mémoire des disparus. Ils subtilisent leurs effets personnels, pour parvenir à un processus extrêmement violent de remémoration, qui clôt cette première saison.
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Dotée d’un scénario très riche qui épouse plusieurs sous-intrigues, la série The leftovers est prenante, avec son lot de scènes fortes (lapidation, suicide...) ; elle met constamment le spectateur en situation d’empathie envers les protagonistes. A l’instar de nombreuses séries contemporaines, certains épisodes sont d’ailleurs entièrement dédiés à un personnage en particulier. Cela n’empêche pas les baisses de rythme et l’intérêt variable des épisodes (quoique aucun ne se révèle inutile). On relèvera le neuvième, qui nous renvoie trois années en arrière, avant le fameux grand enlèvement. Sans conteste, les deux derniers épisodes mettent également la barre très haut, avec une émotion qui est palpable à tout instant.
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The leftovers ne serait pas réussie sans un casting de qualité. Le rôle principal du chef de police Kevin Garvey échoit à Justin Theroux (Mulholland drive), qui déploie une grande palette d’émotions. Gravitent autour de lui d’autres acteurs chevronnés, comme Amy Brenneman (la série Private practice), Ann Dowd (Compliance) ou encore Liv “Arwen” Tyler (Le seigneur des anneaux). La série peut aussi compter sur des acteurs moins connus, mais tous aussi solides, Margaret Qualley dans le rôle de la fille du chef de police, une véritable écorchée vive, ou encore Carrie Coon, la très marquante Nora Durst.
The leftovers enquille donc les bons points, dans le genre série “d’auteur”, lente et exigeante, qui évoque souvent Les Revenants. Elle ne s’offre pas de prime abord au spectateur, refusant de dévoiler toutes ses cartes et laissant planer plus d’un mystère.
La saison 2 vient d’être confirmée par HBO.
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