Le 30 mars 2021
Un récit sensible et attachant sur le drame de la rupture interculturelle et de la séparation affective des enfants avec leurs parents. Malgré quelques maladresses du propos, le film est d’une formidable actualité.
- Réalisateur : Shola Amoo
- Acteurs : Sam Adewunmi, Gbemisola Ikumelo, Nicholas Pinnock
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Destiny Films
- Durée : 1h40mn
- VOD : En VOD sur toutes les bonnes plateformes
- Date de sortie : 25 mars 2021
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Résumé : Jeune britannique d’origine nigériane, Femi a connu une enfance heureuse en famille d’accueil dans la campagne du Lincolnshire. Quand il doit tout quitter pour aller vivre avec sa mère biologique dans un HLM à Londres, c’est un vrai déchirement. Entre les codes culturels de sa mère qui lui sont étrangers et ce nouvel environnement citadin difficile, Femi doit déterminer quel genre d’adulte il veut devenir…
La critique La vie de Femi, c’est ce Clan des Loups, cette bande de copains qu’il s’est constituée dans la campagne anglaise. C’est aussi sa famille d’accueil qui l’élève depuis qu’il est tout petit, à cause d’une mère incapable de faire face à l’éducation de son enfant, du fait de sa situation sociale. Jusqu’au jour où elle revient et qu’elle l’arrache à son territoire d’enfance qu’il n’a jamais quitté, pour l’emmener avec elle dans la grisaille d’un logement social de la banlieue de Londres. Deux mondes s’opposent. Celui de la campagne et celui de la ville. Un autre univers s’ouvre surtout au jeune garçon, celui d’une maman qui débarque dans sa vie, et dont il doit se réapproprier les codes culturels et les gestes d’affection.
- Copyright Destiny Films
The last tree est une implacable variation sur la construction identitaire d’un être humain. Le film raconte, avec une très belle sobriété, la façon dont chacun d’entre nous se construit sur des choix qui nous sont imposés par l’existence, sur la tentation du déterminisme de l’environnement où l’on vit et surtout sur les décisions que l’on prend. Femi incarne tout autant la difficulté à s’assumer au milieu de ces paysages urbains, où la vie l’a conduit, que la force qu’il doit brandir pour assumer ses propres orientations. Le long-métrage décrit avec un grand réalisme la façon dont nombre de jeunes gens doivent renoncer à ce qu’ils sont, au bénéfice d’une place à tenir dans le groupe qu’ils occupent. En ce sens, The last tree illustre les débats actuels qui secouent l’actualité, quand il s’agit de comprendre les violences urbaines, la délinquance juvénile et même la perte de repères pour les générations issues de l’immigration. Le film porte à travers ce jeune Femi le désarroi qui habite de nombreux jeunes, contraints de se raccrocher à une identité urbaine, au lieu de reconstituer les puzzles de leur identité.
- Copyright Destiny Films
Malgré l’évidente actualité du long métrage, la mise en scène souffre de quelques maladresses qui nuisent au réalisme du propos. Parfois, le récit échappe de peu au risque du stéréotype, mettant dos à dos la culture urbaine et rurale. A d’autres moments, le réalisateur abuse peut-être des ralentis et force au misérabilisme. Pour autant, le récit fait montre d’une très grande sincérité. Les comédiens, amateurs pour la plupart, s’invitent dans cette histoire qui a tout d’une sorte d’éducation sentimentale contemporaine. Le jeu des acteurs ne manque pas d’intégrité, rendant compte de la complexité à être soi et à grandir dans un univers hostile. Le film souligne combien la rupture familiale peut peser sur toute l’existence des gens, en particulier pour les jeunes délinquants. Finalement, l’œuvre se fait l’écho de ces si nombreux parcours de ruptures affectives et culturelles qui enferment les êtres vulnérables dans le mensonge et l’empêchement.
- Copyright Destiny Films
The last tree est un film tout aussi sincère qu’exagéré dans sa mise en scène. On perçoit d’un bout à l’autre la force d’un récit qui puise ses racines dans le propre récit autobiographique du cinéaste. La tentation du vide, si présente dans le scénario, s’élève alors dans le rêve d’un cinéma, tout aussi onirique que testamentaire.
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