Le 1er avril 2015
Pour les amoureux de la comédie anglaise, un "must", une pépite quasi-inconnue de ce côté de la Manche, servie par un sens du rythme et une interprétation hors-pair.
- Réalisateur : Frank Launder
- Acteurs : Margaret Rutherford, Alastair Sim
- Genre : Comédie
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Tamasa
- Durée : 1h20mn
- Date de sortie : 8 mars 1950
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– Sortie DVD ; le 7 avril 2015
Si le film ralliera les suffrages, le DVD laisse un peu sur sa faim, malgré un livret riche et complet.
L’argument : Suite à un bombardement lors du Blitz de Londres, l’école de garçons de Nutbourne doit subitement accueillir les élèves de St Swithin, école pour filles. Cette erreur administrative, considérée comme une catastrophe par la direction, fait la joie de certains...
Notre avis : The happiest Days of your life, Cette sacrée jeunesse en Français, repose sur un ressort comique éprouvé, mais qui fonctionne toujours : une situation de base, de préférence absurde, poussée à bout avec toutes les conséquences à la fois logiques et farfelues. Ici, donc, une école traditionnelle anglaise devient, par accident administratif et sans que personne ne le souhaite, mixte. Tout le talent du metteur en scène est de faire de ce lieu quasi unique une scène de théâtre dans laquelle se croisent et se mêlent un nombre incalculable de gens qui doivent, selon les moments, cohabiter ou s’éviter : à cet égard la longue séquence de la double visite est un grand moment de drôlerie au rythme soutenu. On le sait, souvent cette question de rythme est décisive dans les comédies. Frank Launder utilise tous les procédés qui peuvent insuffler au scénario cette vigueur nécessaire : personnages archétypaux, dialogues à double sens, musique qui ponctue ou commente l’action … Nous sommes en territoire connu. Mais c’est surtout la maîtrise du montage, et particulièrement du montage alterné, qui rend le film cocasse et d’une efficacité redoutable.
The happiest days of your life réjouit également par ses différents niveaux de lecture. On peut s’y amuser sans arrière-pensée, et profiter en particulier du jeu des deux comédiens principaux, remarquables dans leur répertoire de grimaces. Ce serait déjà beaucoup que de se laisser aller à ce spectacle léger et pétillant. Un cinéphile s’amusera aussi de multiples références : explicites comme celle qui rappelle le logo de la Rank Organisation et son coup de gong ou implicites, et elle sont foison. On pensera par exemple à la bataille de polochon de Zéro de Conduite, aux comédies de Hawks dans la manière dont les dialogues crépitent ou aux films des Marx Brothers dans l’envahissement de l’espace.
Néanmoins, c’est surtout l’aspect satirique qui ravit le spectateur. Ainsi l’aporie administrative trouve-t-elle son apogée dans la décision finale, qui ajoute du chaos au chaos. Et quoi de plus évocateur que ces plans fixes retraçant le trajet du dossier de bureau en bureau et qui revient à son point de départ sans avoir été lu ? Surtout, dans une Angleterre encore marquée par le puritanisme, la lutte des sexes, symbolisée par la possession du bureau, permet un jeu constant et jouissif sur le « viril » et le « féminin », aussi caricaturaux l’un que l’autre. De la couture au rugby, de la poussière à l’hygiène, c’est une joyeuse opposition que l’autorité tente de maintenir et qui prend eau de toute part, jusqu’à la bataille finale. Au fond le film signe sans avoir l’air d’y toucher la fin d’une époque, celle d’un conservatisme incapable de sauver même les apparences.
On peut le souligner, dans cette comédie menée tambour battant et orchestrée sans temps mort, chaque détail est soigné : du moindre rôle secondaire à la plus infime réplique, il y a matière à délectation à chaque vision.
Les suppléments :
Ce ne sont ni la galerie de photos ni les filmographies qui font le sel de ces bonus, mais le livret, dû à Charlotte Garson, mine d’informations et d’analyses très fines.
L’image :
L’image n’a pas été restaurée et cela se voit : quelques parasites, un manque criant de contraste, une définition insuffisante. Rien cependant de rédhibitoire, au vu de la rareté et de la qualité du film.
Le son :
La seule piste disponible, en Dolby Digital 2.0 mono et VO sous-titrée, souffre d’un son étouffé et d’une curieuse et artificielle répartition des bruitages.
Galerie Photos
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