The good girl

Après A flan de coco, le réalisateur Miguel Areta décide de prendre l’Amérique à contrepied et nous propose un portrait loin des clichés, sans fard et sans gloire.

Rouge à lèvres sur bouche ennuyée. La jeune femme se regarde dans le miroir, fait glisser son tube de rouge très doucement. Elle s’ennuie. Parce qu’elle n’a pas de clients. Parce qu’elle ne sait pas quoi faire. Pas encore. Il est trop tôt.

Univers pétrifié, sans espoir de changement. Justine travaille dans un supermarché. Elle est mal mariée et elle n’a pas d’enfant. Elle n’a pas eu le courage de tout quitter, habitude pourtant bien américaine. Elle est encore jeune. Dans cette petite ville texane, échouée dans ce lieu sordide sans rien d’autre que l’ennui, elle attend. Elle ne sait pas quoi.

L’inattendu tant attendu arrive sous la forme d’un jeune homme instable qui s’éprend de la jeune femme. Trop jeune pour être écrivain, trop impatient pour écrire. Les deux "misfits" plongent avec délice dans l’absurde. Justine se laisse aller : drifting, comme on dit outre-Atlantique. Elle se laisse glisser dans un inextricable fuseau de mensonges, de hontes et d’angoisses et craint de perdre ce qu’elle a et de gagner en inconnu. Tout est là.

Que choisir ? Une aventure à la Bonnie and Clyde ou rester avec ce mari impotent et avachi, mais finalement bien sympathique. Dans un monde où l’ennui domine et où l’amour n’est pas au rendez-vous pour cette jeune femme encore belle, les scrupules ne sont pas suffisants pour éviter le carnage.

Une histoire assez ténue d’adultère que sauve un humour tendre et désabusé. L’émotion est au rendez-vous, la maîtrise d’une caméra, très réaliste qui glisse sur les couleurs jaunes et grises, s’attarde sur des photos désolées et sans attrait, à l’image de ces petites vies perdues au fin fond de l’Amérique qui les a oubliées. Une Amérique sans flonflons, sans morale, sans faux messages, sans bons et sans méchants mais sans générosité non plus.

Jennifer Aniston, bien connue des fans de la série Friends, joue ici de façon remarquable. Emotions, ennui, peu de rires et parfaitement froide. Une héroïne que l’on n’aimerait pas avoir pour amie !

The Good Girl est un film qui se laisse voir avec tendresse mais il faut s’attendre à une fin grinçante et d’autant plus absurde que l’action se déroule dans l’immobilisme d’un pays désolé.