Le 7 avril 2020
Malgré quelques baisses de rythme, un thriller plutôt bien ficelé sur fond de guerre froide.


- Réalisateur : Lukasz Kosmicki
- Acteurs : Bill Pullman, James Bloor, Lotte Verbeek
- Genre : Thriller
- Nationalité : Polonais
- Distributeur : Netflix
- Durée : 1h36min
- VOD : Netflix
- Date de sortie : 8 février 2020

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Résumé : Pendant la crise des missiles de Cuba, un génie des maths est réquisitionné pour une partie d’échecs opposant les États-Unis et l’URSS et un redoutable jeu d’espionnage.
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Critique : S’inspirant du mythique affrontement entre Fischer et Spassky, en 1972, The Coldest Game confond de manière symbolique la joute individuelle et le conflit USA-URSS, en pleine guerre froide. Nous sommes en 1962, au moment de la crise des missiles de Cuba. L’affrontement larvé entre les deux superpuissances est sur le point de dégénérer. Le monde retient son souffle.
Cette production polonaise parvient à transcender les codes du thriller politique, pour offrir quelques réjouissantes sorties de route.
Le cadre réaliste dans lequel s’insère la fiction permet l’alternance entre les images d’archives et l’atmosphère reconstituée par le metteur en scène (superbe travail sur les décors et les vêtements) est rehaussée par la photographie de Pawel Edelman. Ce soin accordé à la réalisation facilite l’immersion du spectateur. De plus, la crédibilité des personnages permet d’installer une ambiance de vraie paranoïa, à la fois propre à la guerre froide et aux codes du thriller politique : ainsi, l’impavidité de l’agent Stone, chargée de protéger le professeur Joshua Mansky, fait écho à l’inflexibilité marmoréenne du général Krutov. La dernière demi-heure organise les conditions d’une tension perceptible.
Dans le rôle principal, l’excellent Bill Pullman joue un génie des échecs volontiers alcoolique, dont le slogan retient l’attention : "pur mathématique et pur vodka". Proprement incontrôlable, il se jette sur les verres avant tout le monde, lors d’une réception officielle, ou subtilise une boisson à l’insu des autres convives. Mais il est aussi capable de surpasser son adversaire de jeu, ce qui oblige la délégation russe à user de subterfuges peu recommandables pour le déstabliser (on repère ainsi la présence d’un hypnotiseur, lors de la deuxième partie d’échecs). Toutefois, le jeu cache l’essentiel : une importante mission lui est confiée par le service d’espionnage américain, directement connectée à l’une des parties qu’il mènera contre son adversaire. On n’en dira pas plus.
Ce thriller, moins orthodoxe que la moyenne des productions Netflix, subit parfois des baisses de rythme. Mais il s’autorise des tangentes tout à fait appréciables : en particulier, une déambulation nocturne dans une ville de Varsovie à la fois nostalgique et festive, en compagnie du directeur du Palais de la Culture. Le passé douloureux de la capitale polonaise y est évoqué dans les ombres d’un décor en ruines, qui confère soudain à ce long-métrage une dimension expressionniste.