The Bodyguard (L’Étrange Festival 2016) - la critique

Copyright The Bodyguard

Etrange Festival 2016
Un festival de cinéma de genre n’en serait pas vraiment un sans son film d’arts martiaux overhypé. Ici c’est un dénommé The Bodyguard qui a la lourde tâche de nous aérer les méninges entre deux réalisations plus cérébrales, et autant dire que la bête a su se vendre. Yue Song, son réalisateur (mais aussi scénariste et acteur principal) en parlant volontiers comme du meilleur film d’art-martiaux réalisé depuis vingt ans.
Mettons dès lors un terme au suspense : tel ne sera pas le cas, et on serait même plutôt dans la moyenne basse. Ce n’est pourtant pas faute d’aligner les enjeux divertissants. The Bodyguard n’hésite, en effet, nullement à taper dans l’humour bien bas du front et le fait plutôt bien. Les blagues potaches s’enchaînent et font généralement mouche. Même si, et on a tôt fait de s’en rendre compte, il est difficile de savoir ce qui est volontairement second degré et ce qui ne l’est pas. Ainsi certains dialogues et éléments de script sont tout simplement risibles, tandis qu’une musique grossièrement épique accompagne la plupart de ces scènes (quand bien même ce qui se passe à l’écran ne le justifie pas).

Copyright The Bodyguard

Celles-ci s’enchaînent d’ailleurs avec un manque de fluidité relativement consternant, de sévères lacunes étant à noter en ce qui concerne le découpage et le montage. Il n’est pas rare, lorsqu’une nouvelle séquence débute, d’avoir l’impression que l’on a loupé une dizaine de minutes d’intrigue. On pourrait prétendre que le scénario importe peu dans une œuvre dont le principal argument est la baston, mais le manque de cohérence de l’ensemble nuit sévèrement à l’intensité des scènes de combat et l’implication du spectateur dans celles-ci (dans un genre différent, le premier The Raid savait parfaitement tiré parti de son script minimaliste épuré à l’extrême).
On arrive d’ailleurs au principal problème du film, à savoir que même ses fights ne convainquent pas. Ce n’est pourtant pas faute de disposer de chorégraphies qui, sans renouer avec la folie d’un Combat de Maître ou d’un Il était une fois en Chine, se permet de très belles choses. Malheureusement, l’action est souvent surmontée et donc brouillonne, au point que Yue Song semble persuadé que le seul moyen de rendre les mouvements de son protagoniste fluides est l’utilisation complètement abusive de ralentis et de répétition d’action déjà ringarde dans le néanmoins bien plus efficace Ong-Bak.

Copyright The Bodyguard

Au final, The Bodyguard a tout d’un DTV qui ne contentera que les fans hardcore et insatiables de bourre-pif. Le film fourmille d’ailleurs de clins d’œil et références au genre, avec comme point d’orgue un générique qui, à l’instar des films de Jackie Chan, nous donne droit à des images d’un tournage que l’on devine douloureux et riche en nez cassés.
Passable. On vous invite donc à passer éventuellement votre chemin. Mais aurez-vous vraiment l’occasion de le voir ?