La bête humaine
Le 28 décembre 2015
Ce thriller palpitant réunit efficacement les ingrédients du polar, autant pour nous bousculer que pour nous choquer.
- Réalisateur : Hans Herbots
- Acteurs : Laura Verlinden, Geert Van Rampelberg, Ina Geerts
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller
- Nationalité : Belge
- Durée : 2h07mn
- Date télé : 2 novembre 2016 20:55
- Chaîne : Canal + Cinéma
- Titre original : De Behandeling
- Date de sortie : 30 décembre 2015
- Festival : Festival du film Policier de Beaune
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Ce thriller palpitant réunit efficacement les ingrédients du polar, autant pour nous bousculer que pour nous choquer. Il aborde un sujet sordide à l’aide d’une mise en scène intimiste et dérangeante, portée par une direction de la photographie remarquable.
L’argument : Nick Cafmeyer est un inspecteur expérimenté suivant une carrière sans histoire. Jusqu’au jour où on lui confie une enquête sur un couple séquestré pendant plusieurs jours et dont l’enfant a disparu. Cette histoire réveille chez Nick un souvenir traumatisant, remontant à ses huit ans. Celui de la disparition, non élucidée, de son frère, et dont le principal suspect, semblant rôder à nouveau. Commence dès lors, une traque sans répit pour le retrouver.
Notre avis : Récemment projeté au Festival du film policier de Beaune, The Beast est l’adaptation du roman L’homme du soir (2001) de l’écrivaine britannique Mo Hayder. Pour des raisons budgétaires, l’action ne se déroule non pas en Angleterre mais dans les alentours d’Anvers en Belgique. Le film ne pâtit pourtant pas de ce choix des lieux de tournage. Bien au contraire, ceux-ci s’avèrent judicieux et contribuent à rendre l’atmosphère lugubre et inquiétante. Dès les premières scènes, on pénètre dans une enquête sombre en apparence classique... Le personnage principal est un flic torturé et sévèrement marqué par un épisode de son enfance, qui se dévoile peu à peu au travers de bribes de souvenirs qui le hantent. Et pourtant, le film se différencie par sa dureté visuelle, mais aussi par son récit qui ne cesse de se noircir sans laisser présager un final optimiste.
Choquant. On revisite ici le mythe du croque-mitaine s’en prenant aux enfants mais également à leur famille, isolée dans des pavillons de banlieue à la lisière des bois. La « bête », rappelle sensiblement le personnage incarné par Ralph Fiennes dans Dragon Rouge, préquel du Silence des Agneaux, observant insidieusement ses victimes avant de prendre un horrible plaisir à les torturer selon un rituel prédéterminé.
Dérangeant. A l’image de M le maudit, la pédophilie et l’enlèvement d’enfants sont au cœur du film. Le climat très pesant et insécuritaire s’installe par la présence d’un criminel, qui rôde telle une ombre dans le voisinage. Tout comme dans le film de Fritz Lang, la prédominance des sonorités ambiantes par rapport à la musique amplifient inconsciemment et progressivement ce côté particulièrement oppressant.
La mise en scène, menée sans fausse note, nous plonge dans les abîmes de la cruauté humaine. Il faut ici saluer le travail de la photographie, rejoignant les particularités stylistiques d’un polar à la Seven ou des Enquêtes du Département V, autant dans la variation des plans que dans l’utilisation de la lumière. Les couleurs ternes utilisées lors des scènes de crime, et le recours aux gros plans permettent de capter les expressions et d’accentuer l’aspect intimiste pour déstabiliser au possible. A l’inverse, la teinte sépia et la profondeur de champ lors des flash-backs sous-entend une vérité qu’on ne veut admettre. Les scènes se déroulant en extérieur ont la particularité d’accentuer les contrastes grâce aux sources de lumière ambiantes et la plupart du temps artificielles. Un néon grésillant dans un couloir obscur, un phare d’hélicoptère filtrant à travers la pluie et les branches de la forêt…sont autant de subtils moyens pour souligner le manque d’humanité régnant chez certains êtres.
Le réalisateur joue habilement des personnages secondaires, filmés comme des êtres inquiétants, que l’on suspecte l’un après l’autre d’être le fameux croque-mitaine. Les fausses pistes disséminées sèment le doute et font piétiner l’enquête au point de nous démunir de tout espoir d’une fin heureuse. L’inspecteur Cafmeyer, le personnage principal, est le seul pour qui on arrive à éprouver de l’empathie. Son passé, dévoilé au compte-gouttes, nous fait ressentir sa terrible frustration et colère intérieure. Celle-ci est le moteur même d’un suspense qui ne faiblit pas.
On ne ressort donc pas indemne de The Beast, dont l’univers brutal et nihiliste frappe de plein fouet. Le film saisit toute notre attention en s’appuyant sur la gestion méticuleuse d’une atmosphère macabre et de non-dits qui nous gardent en haleine d’un bout à l’autre.
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