Tel père telle fille - la critique

Un Vincent Elbaz retrouvé dans une adaptation pas très rock d’un roman de Virginie Despentes. Humour et interprétation sauvent néanmoins la mise.

L’argument : A 30 ans, Bruno, rock-star has been, vit toujours aux crochets de sa petite amie. Les temps sont durs... surtout quand une ex ressurgit de nulle part pour lui apprendre qu’il est le père de Nancy, 13 ans, dont il n’a jamais soupçonné l’existence. Il va alors faire la connaissance de cette jeune fille bien déterminée à vivre pleinement sa crise d’adolescence, alors que lui-même n’en est pas encore sorti. Epaulé par sa meilleure amie Sandra, c’est l’occasion pour Bruno de grandir enfin...

Notre avis : Tiens, un film français sur une petite vedette rock déchue. Qui plus est, adapté d’un roman de la sulfureuse Virginie Despentes (Teen spirit) et bénéficiant de la caution artistique de Patrick Eudeline, l’une des rares légendes de la critique rock française. Sans oublier la participation des nouvelles coqueluches de la scène "baby rock" hexagonale, les Second Sex. Tout ceci fleure bon le film estampillé Rock & Folk. Enfin un grand film sur le rock bien de chez nous ? Non, bien sûr. On est prévenu dès le prologue : Vincent Elbaz et son groupe s’échinent à jouer un morceau insipide et caricatural, le fil conducteur du film, au cœur des années 90. La musique n’est pas prise au sérieux et sera finalement la grande absente du film.
En réalité, ce qui intéresse avant tout Olivier de Plas, c’est l’évolution de ce personnage d’ado attardé, se retrouvant avec une véritable ado (sa fille) en pleine crise. Quitter ses idéaux liés à un état d’esprit et une attitude désinvolte foncièrement rock’n’roll. On pouvait craindre le pire, genre leçon de morale "mes parents avaient raison", bons sentiments et tout le tremblement. Mais ô surprise, c’est précisément là que le film devient crédible et très drôle, sans doute grâce à la patte Despentes. Et à l’interprétation irrésistible d’Elbaz. On est bluffé par son étonnante composition, un mélange de Johnny Depp tendance pirate dégingandé, de Gainsbourg dernière période et d’Eudeline pour la destroy attitude. Ce dernier, en plus d’être conseiller artistique, campe une sorte de manager défoncé, obligé de vendre des fringues aux puces pour vivre, et faisant office de figure paternelle de substitution d’Elbaz. Savoureux.
Ainsi le film finit par être touchant, la relation entre Elbaz et la gamine (belle tête-à-claques) n’étant heureusement pas trop gnangnan. Si la musique sonne faux, les acteurs, eux, sont plutôt justes et nous jouent un air pas si désagréable que ça. En mineur.