Le 15 février 2025
Souvent inégaux, sans lien véritable les uns avec les autres, ces cinq courts-métrages moins drôles que véritablement moqueurs des gens qu’ils filment, ne convainquent pas vraiment, en comparaison du délicieux Ni juge, ni soumise de Jean Lebon et Yves Hinant. On reste sur sa faim.


- Réalisateurs : Jean Libon - Yves Hinant - Clémentine Bisiaux - Régine Dubois - Stéphanie De Smedt - Mathilde Blanc
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Apollo Films
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 12 février 2025

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Résumé : Plus que jamais fidèle à l’esprit de la série culte qui a marqué les esprits et déclenché des vocations de cinéastes depuis près de trente ans, STRIP-TEASE INTEGRAL nous offre, cette fois sur grand écran, cinq peintures des vanités de la société humaine dans leur plus merveilleuse banalité.
Critique : Il y a ces YouTubeuses déjà botoxées à outrance et aveuglées par le capitalisme, cette comédienne âgée qui tente sa chance à Avignon, ce médecin légiste froid et mécanique, cette mère de famille moins écologique qu’obsessionnelle et ce pharmacien malade de lui-même et de son hypocondrie. Bref, cinq destins très différents entre Bruxelles et la France qui voudraient témoigner d’un bout possible de notre humanité d’aujourd’hui. On connaît tous la sagacité des réalisateurs de l’émission Strip-tease qui ont ouvert des fenêtres sur le monde et témoigné des inepties du quotidien à travers des portraits hauts en couleur, mais toujours tendres. Cette fois, l’expérience est renouvelée sur les écrans après le truculent Ni juge, ni soumise qui filmait une magistrate d’instruction, attachante et perspicace, déterminée à mener jusqu’au bout des affaires, mais absolument pas pour le meilleur.
- Copyright LE BUREAU - APOLLO - FRANCE 3 CINEMA - ARTEMIS PRODUCTIONS - RTBF - 2025
Le film est découpé en cinq moyens-métrages, très inégaux tant dans la réalisation que l’appréhension et l’intérêt des personnages. Certains provoquent un rire vrai, même si l’on sent qu’il est teinté surtout de moquerie à l’égard de ceux et celles qui acceptent d’exposer leur existence sur un écran. Nous-mêmes serions tout autant ridicules si nous nous prêtions à ce jeu cinématographique. Il y a donc un parti pris assez malsain que de chercher l’humour dans des vies qui flirtent allègrement avec des formes de pathologie psychique. En même temps, ces saynètes ne sont pas toutes comiques, certaines dérivant même vers un voyeurisme assez discutable. La dernière particulièrement s’égare dans des images à la limite du gore, qui n’apportent pas grand-chose en termes de cinématographie et d’intérêt pour le spectateur.
On s’étonne des choix de sélection des protagonistes. On en vient même à supposer que Jean Lebon et Yves Hinant ont publié une sorte d’appel à projets dont ils auraient retenu certains récits. À l’exception des jeunes YouTubeuses qui vont se filmer depuis leur téléphone au Qatar et acheter des consultations d’esthétique, les autres personnages ne donnent pas vraiment à voir une réalité du monde, qui provoquerait immédiatement l’empathie chez le public. Les réalisateurs parviennent ainsi, malgré eux, à créer des films qui tiennent tellement à l’écart le spectateur de ces tranches de vie qu’il oublie de rire de ses propres travers.
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Le plus étrange demeure l’absence de lien entre les différents petits films et la manière dont ils s’arrêtent de façon brutale. On aurait imaginé au montage final une mise en cohérence de ces cinq histoires de vie, même si Jean Lebon et Yves Hinant cherchent à introduire entre chaque scène des références à l’espace hospitalier où le médecin dissèque les corps. La superposition des âges, des histoires, des lieux, donne le sentiment d’un empilage de situations pour amuser la galerie.
On reste donc sur sa faim avec ces histoires de vie qui n’en sont pas vraiment. Peut-être qu’un ou deux personnages restent plus longtemps gravés dans la mémoire du spectateur, mais tout ce déballage de névrose et de théâtralité finit par nous épuiser. À quoi bon faire un film qui n’apporte rien à la critique ou à l’analyse de notre société, à l’exception, une fois de plus, de ces post-adolescentes qui se délectent de consumérisme pendant que le monde brûle derrière elles sur un écran de télévision.