Le 27 juin 2021
Un récit coloré et poétique qui entrelace histoire familiale et histoire nationale pour dénoncer l’absurdité de la guerre.
- Réalisateur : Chloé Mazlo
- Acteurs : Alba Rohrwacher, Mariah Tannoury, Wajdi Mouawad, Isabelle Zighondi
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 30 juin 2021
- Festival : Festival de Cannes 2020
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Résumé : Dans les années 50, la jeune Alice quitte la Suisse pour le Liban, contrée ensoleillée et exubérante. Là-bas, elle a un coup de foudre pour Joseph, un astrophysicien malicieux qui rêve d’envoyer le premier libanais dans l’espace. Alice trouve vite sa place dans la famille de ce dernier. Mais après quelques années de dolce vita, la guerre civile s’immisce dans leur paradis...
Critique : A travers son court-métrage Deyrouth, Chloé Mazlo avait déjà entamé un retour à ses origines. Avec ce premier long, tout en s’appuyant fidèlement sur l’histoire de sa grand-mère qui, dans les années 50, quitte la Suisse afin de goûter à la douceur de vivre d’un Liban alors paradisiaque, elle trouve le ton juste pour décrire, entre fantaisie et souffrance, le bonheur, puis la dislocation d’une famille happée par des événements qui la submergent.
- Copyright Pascal Chantier - Moby Dick Films
Forte d’études graphiques aux Arts Décoratifs de Strasbourg, la réalisatrice croise habilement les différentes techniques cinématographiques, insuffle tendresse et naïveté au cœur de ce sujet communément violent qu’est la guerre.
Dans un premier temps, le récit dépeint avec malice une époque d’insouciance, un pays où les habitants prennent plaisir à se recevoir, où chaque repas est un festin, où les conditions matérielles, parfois difficiles, n’entament en aucun cas la joie de vivre d’un peuple jamais découragé et toujours prêt à s’entraider. Au cœur d’une mise en scène colorée et fantaisiste, alternent, dans la première partie, images d’animation et vues réelles, maintenant ainsi à distance une réalité qui, trop appuyée, nuirait à l’atmosphère d’innocence et de légèreté assumée. Ces écarts allégoriques s’atténuent graduellement avec l’arrivée du conflit, qui marque le désenchantement de personnages pris dans la tourmente de l’Histoire. Pourtant, là encore, l’horreur est tenue à distance. Le choix de l’utilisation d’une pellicule Super 16, dont le grain offre au décor un aspect vaporeux, adoucit les traits et les sentiments. L’amour se devine, les luttes se dansent tandis que, faisant fi de toutes questions géopolitiques ou religieuses, les combattants se fondent au rythme de plans empreints de délicate poésie, loin de tout effet dénonciateur, transformant cette folie fratricide en une immense fresque de chaleureuse humanité.
- Copyright Pascal Chantier - Moby Dick Films
Mais finalement, ce tableau tout de décalage et de retenue serait bien incomplet sans la présence magistrale de ce couple lunaire et tendrement pudique que forment Alba Rohrwacher (Alice) et Wajdi Mouawad (Joseph). La douceur qui émane d’eux répand un climat apaisé et atténue les circonstances dramatiques dans lesquelles ils se débattent. Un regard ou une attitude, bien mieux que les mots, leur suffit pour décliner toute une palette d’émotions. Entourés d’une flopée de personnages secondaires solaires et aux caractères bien définis, ils participent à l’empathie que l’on ressent pour cette famille détonante et attachante.
Si quarante ans plus tard, on peut regretter que ce pays soit toujours en proie aux mêmes soubresauts, on peut se réjouir que l’une de ses ambassadrices ait le talent de parler de ses éternels déchirements, avec tant de bienveillance.
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