Le 18 septembre 2022
Esprits démoniaques et érotisme, telle est la promesse de Soudain dans la nuit. Un mélange qui en fait un jalon du film d’horreur sud-coréen.
- Réalisateur : Go Yeong-nam
- Acteurs : Kim Young-ae, Yun Il-bong , Lee Ki-seon , Han Hye-ri
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Sud-coréen
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 1h41mn
- Titre original : Gipeun bam gabjagi
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– Année de production : 1981
– Sortie DVD et Blu-ray : 6 septembre 2022
Résumé : Épouse comblée d’un professeur de biologie, mère d’une charmante petite fille, Seon-hee mène une vie de parfaite femme au foyer. Un jour, son mari revient accompagné de Mi-ok, une jeune orpheline qu’il souhaite engager comme domestique. Cette séduisante fille de chamane a pour seul bagage une étrange poupée en bois censée la protéger contre le mauvais sort. Mais Seon-hee est persuadée que Mi-ok s’en sert pour faire entrer des esprits maléfiques chez elle, prêts à tout pour détruire sa famille…
Critique : Esprits démoniaques et érotisme, telle est la promesse de Soudain dans la nuit. Un mélange qui en fait un jalon du film d’horreur coréen, se libérant avec la politique culturelle du pays dans les années 80. Go Yeong-nam se fait témoin d’une époque, tant en développant les rapports hommes-femmes qu’en décrivant les fantasmes inavoués d’une société mouvante. S’il n’accouche pas d’une œuvre que l’on pourrait qualifier de majeure, il propose un point de vue fort et un talent certain à travers sa mise en scène, principale qualité du métrage. Entre quelques dialogues parfois légers ou effets de manche désormais éculés, se niche une personnalité affirmée.
Celle-ci s’opère par la charge érotique qu’il est désormais possible d’insuffler aux œuvres à cette époque en Corée du Sud, après la dictature militaire, pour créer ce qui demeure très difficile à établir : une atmosphère personnelle, qui balance son spectateur entre joliesses plastiques, douces étrangetés, et réel discours social.
- © 2022 Carlotta Films
Sur le premier point, peu de surprises. Carlotta nous met sur la piste, à raison, des nombreuses trouvailles visuelles du film à travers sa promotion. Les couleurs, évocatrices, s’inscrivent dans le courant du giallo, genre auquel le film emprunte une grande partie de sa constante ambiguïté entre beau et monstrueux. Les formes géométriques, les textures – l’eau par exemple – sont travaillées de sorte que la tension sexuelle qui se dégage du film prenne son ampleur. Les déformations du cadre, elles, entrent en résonance avec le trouble des personnages, qu’il soit physique ou mental.
Ces élans d’excitation et de désir sont bel et bien contrebalancés par l’idée du Mal qui m’immisce dans la maisonnée, dans l’intime. L’utilisation de la figure de la poupée, aujourd’hui vu mille fois, offre quelques instants suspendus, parfois faciles, mais souvent efficaces. Le jeu duel à souhait de Lee Gi-seon, qui interprète ce danger venu de l’extérieur, aide beaucoup.
- © 2022 Carlotta Films
Enfin, le contraste entre la ville et la périphérie est travaillé, ainsi que les dynamiques entre les hommes et les femmes. Comme très bien décrits dans le bonus de cette édition, il est intéressant, et à rebours des valeurs souhaitées de notre époque, d’y constater la domination de la figure masculine. Mais c’est bien en travaillant la relation d’attirance malsaine, mêlant désir charnel et risque maléfique entre les deux femmes du récit, que le film convainc. Car elles lui permettent de faire ce qu’il maîtrise le mieux : produire de l’image savamment mise en scène et faire valser son spectateur dans l’ambiguïté des sentiments et des émotions.
- © 2022 Carlotta Films
Le test Blu-ray :
Les bonus
Un seul bonus, mais de grande valeur dans cette édition par ailleurs impeccable. Antoine Coppola, historien du cinéma et enseignant en Corée du Sud, aborde le contexte politique et artistique de Soudain dans la nuit. Il n’oublie pas de nous confier quelques clés de lecture, notamment en matière de mise en scène, qui vous seront d’autant plus précieuses si vous visionnez l’œuvre après l’entretien.
L’image
Le travail de restauration est impeccable. Dans son nouvel habit 4K, Soudain dans la nuit brille de mille feux. Le travail des couleurs en bénéficie largement, ainsi que la belle photographie de Pil-si Jeong, qui sert grandement l’atmosphère ambivalente de l’oeuvre.
Le son
Nous ne trouverons rien à redire quant à la piste sonore du Blu-ray.
Galerie Photos
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