Le 7 juin 2022


- Scénariste : Aimée de Jongh>
- Dessinateur : Ingrid Chabbert
- Collection : Aire Libre
- Genre : Drame, Société
- Editeur : Dupuis
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 20 mai 2022
Une renaissance à l’aube de la soixantaine : et si le mal-être d’une vie prenait fin ?
Résumé : Le jour de ses soixante ans, Josy plaque son mari et ses grands enfants pour partir vers l’inconnu, dans son van. Sur le premier parking, elle croise la route d’une mère célibataire vivant dans sa caravane, ce qui change tout d’un coup ses perspectives...
Ça y est, on y est : la bande dessinée explore une histoire tout simple, un aléa de la vie, un acte sans signification évidente. Elle touche du doigt cette essence artistique qui permet d’écrire sur tout et n’importe quoi, et de le faire avec beauté, éclat et force. Soixante printemps en hiver est une de ces bandes dessinées là. C’est une œuvre qui touche, sans que l’on ait besoin d’être une femme retraitée avec enfants pour comprendre. Les quelques rebondissements de l’histoire sont anecdotiques, car ce qui est en jeu c’est de voir un personnage pleine d’une assurance tournée contre ce sur quoi reposait sa vie jusque là, changer pour évoluer mais dans des proportions qui parlent au plus grand nombre : on ne parle pas d’une destination chic et bohème mais d’un van en plein hiver. Des victoires timides, des ratés sentimentaux, des élans coupés et des liens nouveaux, il y a une foule de petites choses qui font que ces soixante printemps marquent bien un renouveau malgré l’hiver.
Pour faire surgir cette émotion pathétique, de douce révolte et de sagesse écornée, le dessin d’Ingrid Chabbert se veut sans impact, sans ornement, mais toujours juste. Le gris du pavillon n’est pas le même que dans le van, qui a pris un bleu délicat de neige fraîche plutôt que de regret. Les tons d’aquarelle soulèvent parfaitement les émotions nouvelles, joie, gaieté, amour aussi, qui affleurent sans jamais venir en cascade, qui creusent doucement un sillon sentimental coloré, dans des tons jamais extravagants, mais toujours évidents.
- © Dupuis / De Jongh
Une belle histoire, narrée simplement, dessinée clairement, montrant que l’âge n’est ni tabou, que l’absence d’aventure peut être bénéfique, en bref que tout peut être littéraire et artistique.
120 pages – 23 €