Le 23 août 2017
Une plongée sociologique belle et bouleversante dans la Suède de la fin des années 80, frappée par l’ignorance et la peur du sida, alors considéré comme la peste homosexuelle. Une œuvre essentielle pour ne pas oublier les horreurs d’hier.
- Réalisateur : Simon Kaijser
- Acteurs : Björn Kjellman, Adam Lundgren, Adam Palsson
- Genre : LGBTQIA+, Série télé
- Nationalité : Suédois
- : Outplay
- Durée : 3 x 58mn
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-Date de production : 2012
– Prix du Public - Festival Séries Mania
– Prix du Public – Marais Film Festival
– Meilleure Série - Prix Kristallen de la TV Suédoise
– Sélection Officielle - Prix Europa - Festival International du Film de Berlin
– Sortie en DVD : le 25 février 2015
L’argument : Suède, début des années 80. Rasmus arrive à Stockholm pour étudier, laissant derrière lui sa petite ville et ses parents. Jeune et séduisant, il découvre la vie gay de la capitale. Lorsque le soir du réveillon de Noël il rencontre Benjamin, c’est aussitôt le coup de foudre. Mais un mal rôde, et peu à peu les jeunes hommes commencent à tomber malades inexplicablement...
Notre avis : Vendu par son auteur comme une série, terme très à la mode, Snö ne doit pas dissimuler sa réalité, il s’agit ni plus ni moins d’un long téléfilm en trois parties, chacune durant approximativement une heure. C’est peut-être moins glam à vendre, mais c’est pourtant concrètement l’ADN de cette œuvre, chronique trop longue pour être vendue à la télévision d’un bloc, et qui a donc été scindée de façon artificielle en 3 parties pour asseoir sa légitimité sur 3 soirées, où l’audience fut au rendez-vous.
Au niveau du contenu, chaque bloc ne peut s’autosuffire contrairement aux épisodes malingres de la série Looking. Ils doivent absolument être complétés afin d’apprécier la psychologie de personnages au devenir sombre, dramatique et tragique, et il ne faut pas prendre le train en route, tant la perte serait également préjudiciable pour cette appréhension d’une peinture remarquable d’une Suède urbaine des années 80, rattrapée par le fléau mondial du sida, avec un premier cas qui se transforme en épidémie, avec tout l’irrationnel, la peur et la haine qui accompagnaient la propagation du virus qui stigmatisa la communauté homosexuelle, mourant dans la honte, le désaveu, et le mensonge.
Snö commence comme un conte urbain avec une jeunesse qui se découvre "gay", qu’elle soit religieuse intégriste qui ouvre enfin les yeux, pour l’un, ou provinciale qui arrive à la ville pour vivre ouvertement ses plus belles années sans avoir à mentir, pour un autre. Les liens se tissent, la complicité entre générations opère, le réalisateur réussit à poser le ciment entre ses nombreux personnages, à l’arrière-plan bien défini par des familles qui auront un rôle à jouer, dans leur absence ou leur défiance.
L’auteur déjoue les clichés inhérents au genre, point de gratuité dans la sensualité, il faut dire que le public visé est ouvertement plus large qu’en DVD, et cela ne s’y prête pas. C’est davantage l’aspect documentaire et sociologique, la radioscopie d’une époque qui l’intéressent. Son film est vintage dans l’image, avec un grain souvent appétissant pour ceux qui aiment se replonger dans une époque eighties brossée avec une précision chirurgicale. Seule la musique ne viendra pas nous rappeler les classiques d’antan, le budget ne semble pas être à la hauteur des exigences des ayant-droits des tubes d’alors.
Romantique, sans être une bluette, communautaire, sans être sectaire, Snö parvient surtout à un être un grand drame ouvert à tous les publics, qui renvoie la société de l’époque à ses responsabilités, les dérives sanitaires qui ont accompagné l’agonie d’individus marqués par le seau de la honte, diabolisés par la religion, traités comme des déchets toxique à leur mort. Ces réminiscences nous sont douloureuses alors que chaque protagoniste est traité avec tendresse et attachement, sentiments que l’on ressent aisément pour cette œuvre dans sa globalité.
Habilement écrite, plutôt bien mis en scène, c’est indéniablement une réussite et désormais une référence dans le traitement des années sida à l’écran !
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