Le 19 décembre 2020
Sueurs froides, suspense et questionnements politiques sont au rendez-vous de ce premier long-métrage australien, qui résonne étrangement avec l’actualité juridique du moment.
- Réalisateur : Partho Sen-Gupta
- Acteurs : Rachael Blake, Adam Bakri, Darina Al Joundi, Rebecca Breeds
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Wayna Pitch
- Durée : 1h55mn
- Date de sortie : 1er décembre 2021
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Résumé : Slam est l’histoire d’un emballement médiatique qui bouleverse la vie paisible de Ricky, un jeune Australien d’origine palestinienne. Lorsque sa sœur Ameena disparaît, elle est très rapidement suspectée d’avoir rejoint l’État islamique en Syrie. Qui doit-il croire lorsque le doute et la suspicion s’immiscent ? Son intuition ou les médias ?
Critique Ameena est d’origine syrienne. Elle est voilée et clame des vers dans un centre social, vers qui ne cachent pas sa colère contre les discriminations dont les musulmans sont victimes. Sa chambre est remplie d’ouvrages qui interrogent sur la question palestinienne ou plus largement les questions religieuses, a fortiori musulmanes. Quand la jeune fille disparaît mystérieusement, tout porte à croire qu’elle a rejoint les mercenaires de Daech, d’autant que l’actualité sidère l’Australie, en révélant l’enlèvement et la tuerie monstrueuse d’un soldat par les terroristes. Si l’idée que la jeune femme a versé dans le radicalisme ne fait pas vraiment doute, demeure le problème de la facilité avec laquelle le populisme ambiant ne manque pas de généraliser le risque terroriste à l’ensemble de sa famille, voire de la communauté musulmane. Alors les médias s’emparent de l’événement et Slam bifurque vers un thriller social, rudement bien mené.
- Copyright Wayna Pitch
La force première du film demeure le rythme. Le récit emporte les spectateurs dans une série de faits catastrophiques dont le jeune Ricky, disons plutôt le jeune Tariq, se serait bien passé. Naturellement, il y a une propension évidente à la démagogie dans cette histoire terrible. Néanmoins, on n’est pas très éloigné d’une certaine vérité, dans un contexte général où chacun se méfie de son voisin et cherche des réponses à la crise de sa vie, en mettant en cause l’autre, d’autant lorsqu’il est d’origine immigrée. Le film pose la question de front : est-ce qu’une personne, qui a été accueillie au titre de l’asile politique ou économique, a le droit de se plaindre des conditions d’existence que le pays de réception lui offre ? On aurait sans doute tendance à considérer que les immigrés devraient se tenir dans la seule posture de reconnaissance et qu’au contraire, les citoyens qui les reçoivent font déjà beaucoup en leur consacrant une partie de leurs impôts. Le scénario montre une famille syrienne totalement confrontée à ces deux extrêmes. D’un côté, on a Tariq qui renonce à son identité et ses origines, au nom de son projet d’acculturation ; de l’autre, on a sa sœur qui crie sa colère à travers le slam et engage une réflexion intellectuelle et militante sur la condition des migrants en Australie. En ce sens, le film ne fait pas que divertir. Il engage le spectateur à faire preuve d’une empathie réelle, pour se mettre à la place de ces jeunes héros d’origine syrienne, perdus entre leur culture d’appartenance et celle du pays qui les reçoit.
- Copyright Wayna Pitch
Mais Slam n’est pas qu’un film politique. Il s’agit avant tout d’un divertissement policier absolument bien construit. On peine à supporter la tension que subit Ricky, écartelé entre la loyauté à l’égard de sa famille d’adoption et celle à sa propre famille. Il y a aussi cette policière qui enquête : elle est peut-être la seule à croire qu’Ameena n’est pas forcément partie en Syrie pour rejoindre les forces terroristes. Les personnages sont pris dans le tourbillon de leurs contradictions, quand ils ne cèdent pas à la dictature du conformisme. Le spectateur se demande, comme dans tout bon thriller, comment les protagonistes vont se sortir du dilemme dans lequel ils sont tombés. Bref, si Slam n’est pas le film de l’année, on ne peut nier le plaisir évident de suivre cette histoire, où chacun s’efforce d’être le meilleur de soi-même et de gérer ses complexités intérieures.
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