Slalom - Charlène Favier - Critique

Critique : Elle-même originaire des Alpes, Charlène Favier réalise ici son premier long métrage.
Le récit suit le parcours de Liz, déjà ballottée par la vie, entre un père absent et une mère qui décide de quitter la région pour trouver du travail, et accessoirement un nouveau compagnon. Livrée à elle-même ou presque dans cette école exigeante, elle va devenir une proie facile pour cet entraîneur charismatique et directif.
La mise en scène est suffisamment subtile, ne privilégie pas uniquement la dénonciation frontale des abus sexuels. En effet, si l’entraîneur n’a pas d’excuses à exercer son pouvoir sur cette très jeune femme influençable, Liz, elle, est très attirée par cet homme talentueux qui la fait énormément progresser dans la pratique de son sport. Beaucoup plus, en tout cas, que les adolescents de son âge qui sont dans sa classe, y compris l’un d’eux auquel elle n’est pas insensible et une autre, qui ne serait pas contre une relation homosexuelle.
Dans l’ensemble, les personnages secondaires sont bien dessinés, ce qui permet d’éviter tout manichéisme. Par exemple, la mère de Liz n’est pas méchante en soi, mais elle pense qu’il y a urgence pour elle de refaire sa vie maintenant. Quant à la femme de l’entraîneur, elle voit bien les événements arriver, mais elle est plus désemparée qu’en colère.
Les interprètes sont tout à fait dans le ton : Muriel Combeau s’avère touchante dans son rôle de mère dépassée par les circonstances, Marie Denarnaud joue une épouse fidèle et dévouée, mais pas effacée, qui subit, sans broncher, le caractère difficile de son mari. De son côté, Jérémie Rénie est toujours très juste, ici dans un rôle ingrat et risqué. Et la jeune Noée Abita incarne de manière convaincante un personnage à la fois fragile et déterminé.