Le 22 février 2021
La jeune Rayna, qui vend des sculptures en terre cuite sur le bord de la route, n’a pas la langue dans sa poche. Un film social et familial passionnant de 2019, originaire de Bulgarie, qui mérite une seconde chance, après une sortie cinéma abrégée pour cause de confinement.
- Réalisateur : Svelta Tsorsorkova
- Acteurs : Assen Blatechki, Svetlana Yancheva, Monika Naydenova , Elena Zamyarkova
- Genre : Drame
- Nationalité : Bulgare
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 2h00min
- Titre original : Sestra
- Date de sortie : 23 février 2021
- Festival : Festival À l’Est
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Résumé : Dans une petite ville bulgare, au bord d’une route très fréquentée, une mère (Sveltana Yancheva) et ses deux filles Rayna (Monika Naydenova) et Kamelia (Elena Zamyarkova) vivotent en fabricant et en vendant des figurines en terre cuite. La plus jeune Rayna, qui assure aussi la vente auprès des touristes, s’invente un passé aussi terrible qu’extraordinaire. Sa sœur, plus âgée, a une liaison avec un mécanicien voisin, rustre et un peu escroc, Milo (Assen Blatechki).
Critique : Le récit suit Rayna, adolescente butée et très imaginative, qui va finir par se trouver prise à son propre jeu. Sa mère, qui n’a jamais révélé l’identité de leur père à ses enfants, semble résignée et s’échine à faire difficilement tourner sa petite fabrique très artisanale et guère rentable. Ses deux filles, apparemment déscolarisées, lui apportent une main-d’œuvre bon marché. Leur vie de labeur se passe de discours et ne pousse pas non plus aux démonstrations sentimentales. L’aînée Kamelia entretient une liaison sans éclat avec Milo, ours mal léché qui maquille des moteurs de voiture. Cette relation intrigue beaucoup Rayna et celle-ci ne va pas pouvoir s’empêcher d’y mettre son grain de sel. Ses interventions récurrentes et les histoires qu’elle invente vont finir par semer la zizanie et obliger sa mère à révéler la vérité aux deux sœurs sur leurs naissances.
La société bulgare n’est pas montrée sous un jour très flatteur. Le film évoque les difficultés à vivre de son travail, des petites combines, de la corruption et des abus sexuels dans la police, la déliquescence du système de santé...
Les touristes ne sont pas non plus ménagés, avec leurs sourires un peu niais, leurs tenues débraillées et leur indifférence face à une enfant qui vend sa camelote en racontant des histoires qui défient la légalité.
La jeune comédienne Monika Naydenova, omniprésente, est tout simplement stupéfiante : dès le premier plan face caméra, où elle s’invente un épouvantable drame familial dû au trafic de drogue, elle fascine le spectateur avec ses grands yeux bleus étonnés et sa silhouette androgyne. On va suivre ses aventures, partagé entre un étonnement amusé et une crainte pour sa personne, devant la brutalité des adultes qui l’entourent.
La mise en scène de Svelta Tsorsorkova, un peu trop contemplative peut-être, ne manque pas d’un certain humour qui allège un peu la dureté du monde qu’elle nous décrit. Cette cinéaste bulgare ne réalise ici que son deuxième long métrage. On ne peut donc que lui souhaiter une belle carrière.
Test DVD/Bluray
Le DVD, édité en digipack par Tamasa, est accompagné d’’un livret qui propose deux interviews : celle de la réalisatrice et celle de la jeune actrice principale, Monika Naydenova. Sur le DVD proprement dit, outre le film, uniquement présenté en version originale sous-titrées, dont l’image est extrêmement bien restituée, on trouve en bonus : -la bande-annonce, - "Ma vie avec Sofia" ("Zhivot sas Sofia"), le premier film de la réalisatrice, un court-métrage de vingt minutes minutes datant de 2004. Cette œuvre a comme interprète principale, Sveltana Yancheva, qui sera la mère de "Sister". Dans la campagne bulgare, Sofia, une femme dont le mari s’est enfui, s’est reconvertie en coiffeuse. Son voisin, déjà amoureux d’elle avant son mariage, sera son seul soutien contre la folie qui gagne Sofia, écrivant tous les jours à son mari, persuadée de son retour. Le contexte social est celui que l’on retrouvera dans "Sister" : la campagne pauvre bulgare, des gens frustres qui s’échappent par le rêve, n’arrivent pas à exprimer leurs sentiments et sont capables de gestes violents irréversibles.
En 2019, "Sister" a obtenu la mention spéciale de la section "Nouveaux réalisateurs" au festival du film de San Sebastián, et en 2020 le prix spécial du jury au festival international du film de Transylvanie.
Par ailleurs, le long métrage a été projeté hors compétition à la soirée de clôture du festival "A l’est du nouveau" de Rouen, en mars 2020.
Galerie photos
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