Porter sa croix
Le 17 janvier 2007
Quand le polar mêle réalisme et absurde dans une vision désabusée de la société. Drôle et impertinent, une vraie réussite.


- Réalisateur : Wolfgang Murnberger
- Acteurs : Josef Hader, Simon Schwartz
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Autrichien
- Date de sortie : 17 janvier 2007
- Plus d'informations : Le site du film

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– Durée : 1h56mn
Quand le polar mêle réalisme et absurde dans une vision désabusée de la société. Drôle et impertinent, une vraie réussite.
L’argument : Lorsque le corps du beau-fils du directeur de l’Opéra de Salzbourg est retrouvé, la police conclut à un suicide. Ce dernier s’était fait des ennemis depuis qu’il avait publié un livre où il révélait les sévices qu’il avait subis, étant jeune, dans un internat catholique. Persuadée qu’il a été assassiné, sa veuve engage le détective Simon Brenner...
Notre avis : Voici, venu d’Autriche, un polar original, drôle, intelligent. Son réalisateur, Wolfgang Murnberger, obtient depuis quelques années un grand succès dans son pays, et l’on ne peut que se féliciter de découvrir son cinéma à notre tour.
Silentium ! est une suite. Celle de Vienne la mort (inédit en France), qui met pour la première fois en scène Brenner, personnage récurrent de l’auteur de polar Wolf Haas [1]. Ce détective désabusé, souffrant de migraine, usant et abusant de substances plus ou moins licites, évolue à la limite des marges de la société. Presque pauvre, fréquentant des marginaux pas très nets (il crèche chez un ancien néo-nazi), n’ayant même pas besoin de se changer pour passer pour un SDF, cet ancrage social est l’une des grandes réussites du film. Avec réalisme, non sans une touche de cynisme, Murnberger dépeint une société pourrie, où tout repose sur la position et les apparences (physiques, sociales), avec la bénédiction de l’Eglise (qui se prend une monumentale volée de bois vert au passage). La satire, un brin facile, n’en est pas moins réjouissante et de digressions en coup de théâtre, l’intrigue se résout peu à peu. D’autant mieux que le réalisateur varie habilement les situations dans lesquelles se retrouvent ses deux bras cassés (Brenner "bénéfice" de l’aide d’un ami ambulancier), grâce un rythme percutant et une mise en scène sans cesse surprenante (au prix de quelques fautes de goût, comme la séquence du baby-foot)... L’interprétation est excellente et l’on ressort marqué par le visage fatigué du curieux détective (Josef Hader), qui sert à merveille ce polar sombre, doté d’un solide sens de l’humour (alliance de grotesque et d’absurde) et, au final, très impertinent.
[1] Dont ces deux romans ont été édité en France chez Rivages