Vers le côté obscur
Le 5 janvier 2018
Un drame d’une extrême noirceur que la présence de Gael García Bernal ne parvient pas à illuminer.
- Réalisateur : Joan Chemla
- Acteurs : Gael García Bernal, Nahuel Pérez Biscayart, Marine Vacth, Karim Leklou
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 10 janvier 2018
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Résumé : Suite à la mort accidentelle de son meilleur ami, Daniel échoue à l’hôtel Métropole, un refuge pour les exclus et les âmes perdues. Rongé par la culpabilité, il sombre peu à peu dans la violence qui l’entoure. Sa rencontre avec Francine va éclairer son existence.
Pour son premier long-métrage, la réalisatrice Joan Chemla a choisi de planter le décor d’un drame très noir à Marseille, au cœur de la communauté gitane, en s’entourant d’acteurs professionnels et amateurs pour seconder Gael García Bernal, le comédien mexicain prêtant ici ses traits à un jeune homme qui a dû quitter sa famille adoptive, après la mort accidentelle de son meilleur ami. Le film évoque ce deuil impossible, au sein d’une mise en scène qui cumule les flashbacks afin de montrer la vie d’avant, celle où le personnage vivait heureux et bien entouré pour mieux détailler la vie d’après, qui expose la réalité concrète de la pauvreté dans un hôtel social.
C’est dans cet espace glauque, véritable enfer sur terre, que se déroule la majeure partie du film, contrastant ainsi avec la beauté de Marseille, souvent utilisée comme décor au cinéma en tant que cité baignée par la mer et le soleil. Ici, il n’est pas question de permettre au spectateur de connaître un moment de sérénité, mais d’exposer plutôt le chaos intérieur du personnage, confronté à la violence des mafieux gitans auprès desquels il tente de se racheter tout en acceptant de rester dans un refuge marginal tenu par un hôtelier sadique qui profite de la solitude et de la pauvreté de ses clients. Le très beau titre du film cache donc une réalité bien sombre, au point dès le départ de dérouter un public peu habitué à autant de noirceur et qui devrait éprouver des difficultés à suivre le parcours d’un personnage qui veut de toute évidence se faire mal et souffrir un maximum – au grand dam d’un spectateur qui peinera sûrement à comprendre les raisons d’un comportement aussi instable de la part d’un personnage qui, comble de malchance, s’exprime (trop) peu.
- Copyright Nord Ouest Films
Les acteurs eux-mêmes semblent perdus et accablés par cette atmosphère tragique où il est impossible de parler d’humour noir, tant le simple sourire se prête peu aux circonstances, entre la solitude des uns et la violence des autres. Le héros solitaire, qui avait trouvé une famille au sein de la communauté gitane avant que la mort de son meilleur ami ne vienne contrarier ce fragile bonheur, se sent responsable au point de pleurer sur lui-même, perdant ainsi peu à peu non seulement de son humanité, mais aussi de son intérêt. La romance, qui semble être la seule chose capable de le sortir de ce marasme, est si mal exploitée qu’elle ne parvient pas non plus à extirper non seulement le personnage mais également le spectateur d’un drame obsessionnel qui devient vite agaçant. L’arrivée d’une femme dans cet univers si glauque, censée représenter un havre de paix et apporter du romantisme à l’existence d’un personnage qui ne demande qu’à aimer, est absurde tant il n’est pas possible de savoir comment elle a atterri dans le pire hôtel social de France et d’ailleurs. La romance tombe donc à l’eau, à moins que ce ne soit le scénario qui n’apporte pas assez de réponses mais soulève beaucoup de questions.
- Copyright Nord Ouest Films
Si la musique originale de Gabriel Yared sauve les meubles, le seul intérêt du film semble la présence de Karim Leklou, terrifiant dans le rôle de l’hôtelier violent et antipathique qui profite de sa position. Difficile de ne pas trembler devant cette figure certes détestable, mais qui apporte du sel à un film bien lent et sombre qui aurait mérité plus de rythme, tout en posant sur les personnages un autre regard que celui du héros, qui se trouve dans un état mental de toute évidence trop fragile pour proposer une analyse à la fois réelle et pertinente de la situation. Dépressifs s’abstenir.
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