Démon de midinettes
Le 29 janvier 2003
Une comédie de situation servie par la bonne humeur de ses comédiennes.

- Réalisateur : Bob Dolman
- Acteurs : Susan Sarandon, Goldie Hawn
- Genre : Comédie
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa

L'a vu
Veut le voir
– Durée : 1h34mn
– Titre original : The banger sisters
On n’est jamais mieux servi que par soi-même... Le scénariste Bob Dolman (Horizons lointains, Willow) semble avoir été touché par la grâce de cet adage et a décidé de passer derrière la caméra. Il signe une comédie émouvante et offre de beaux rôles à ses interprètes...
Suzette (Goldie Hawn), ex-groupie restée scotchée dans les années 60, provoque des retrouvailles avec Lavinia (Susan Sarandon), son ancienne compagne de bamboche, installée en Arizona. En chemin vers Phoenix, elle rencontre Harry (Geoffrey Rush), un scénariste névrotique et suicidaire qu’elle entraîne dans son sillage. Mais sur place, Suzette réalise que Lavinia a changé et a beaucoup de mal à affronter joyeusement son passé tumultueux.
Le choix du lieu, hautement symbolique, est l’essence même de l’action. Phoenix, c’est le choc entre la Californie moderne de Suzette et l’Amérique profonde de Lavinia, parabole entre superficialité et valeurs traditionnelles. Elle est aussi l’endroit où les protagonistes renaîtront de leurs cendres et reprendront leur envol... Un nécessaire retour vers le passé, en somme.
Goldie Hawn et Susan Sarandon forment un duo détonnant. N’ayant plus rien à prouver, elles s’amusent à malmener leur image et s’autorisent un hommage à leurs propres filles. Si l’allusion au rôle de Kate Hudson dans Presque célèbre pour Hawn reste un clin d’oeil, la performance d’Eva Amurri en fille de Sarandon à la ville comme à l’écran relève plutôt de la passation de pouvoirs. De son côté, Geoffrey Rush parvient à rendre son personnage attachant en dépit de sa tendance à surjouer la névrose.
Le scénario, en revanche, présente quelques failles et donne parfois l’impression d’être construit comme une succession de sketches qui détruisent le fil conducteur. Par ailleurs, l’utilisation quasi systématique du plan large confère à l’action une dimension trop classique mais pas inintéressante, puisqu’elle met en valeur les décors et couleurs, symboles des choix de vie des héroïnes.
Côté costumes, le look clinquant de Suzette face aux tenues beiges de Lavinia apporte une pierre à l’édifice esthétique du film et contribue à la pertinence d’une histoire qui bouleverse les conventions hollywoodiennes en attribuant les premiers rôles à des femmes, même pas des jeunes premières, et celui de faire-valoir à un homme. A signaler également une bande originale rock sans accroc, orchestrée par l’ancien guitariste du groupe Yes.
Sex fans des sixties n’est pas un film inoubliable... Juste une comédie de situation adroitement servie par la bonne humeur des comédiennes, dont l’énergie met un peu de confiture sur un scénario tartiné sans grande inventivité.