Le 1er novembre 2022
À la fois chronique sociale sur l’univers allemand de la prostitution, et romance amoureuse entre deux femmes, Seule la joie est un hymne délicat à la féminité.
- Réalisateur : Henrika Kull
- Acteurs : Katharina Behrens, Jean-Luc Bubert, Maria Mägdefrau, Mike Hoffmann
- Genre : Drame, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : Outplay Distribution
- Durée : 1h30mn
- Titre original : Glück/Bliss
- Date de sortie : 2 novembre 2022
- Festival : Festival de Berlin 2021
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Résumé : Sascha travaille dans une maison close à Berlin depuis de nombreuses années. Maria, une nouvelle arrivante, est indépendante, non-conformiste et queer. Sascha est immédiatement attirée par cette altérité, Maria à son tour est fascinée par l’aisance suprême de Sascha. Cette attirance devient un amour qui fonctionne différemment de tout ce qu’elles ont pu connaître auparavant. Mais la peur de se dévoiler l’une à l’autre va remettre en question leur relation.
Critique : Le film commence par un cri. Maja court dans la rue, le métro, jusque la fenêtre close de Sasha où elle hurle son prénom. Puis, la caméra s’enfuit quelques semaines avant, dans un bordel allemand, où ces dernières exercent leur activité sexuelle tarifée. Les hommes se succèdent les uns après les autres, dans une demeure bourgeoise que les dames de compagnie traversent en petite tenue. Seule la joie pourrait être un film de plus sur la prostitution, sauf que Henrika Kull aborde la question complexe à travers le couple timide et passionné qui se forme entre ces deux travailleuses du sexe. L’enjeu n’est surtout pas de dresser un plaidoyer pour ou contre ce type de pratiques légalisées dans les pays du Nord. Le récit s’attache à accompagner deux femmes qui, quand elles ne font pas l’amour à des hommes, se révèlent l’une à l’autre avec passion.
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La mise en scène refuse les compromis. Elle montre les prostituées dans leur quotidien. Elles exercent cette drôle d’activité avec beaucoup de respect pour leurs clients et elles-mêmes. La relation qui se noue entre les deux femmes apparaît comme une bouffée d’air au milieu d’une existence évidemment difficile. Vendre son corps n’a rien d’une affaire banale. Pour autant, la réalisatrice n’appuie ni sur le misérabilisme, ni sur le voyeurisme. Elle montre dans une certaine épure de la conduite d’acteurs la manière dont ces femmes articulent leur vie personnelle et leurs pratiques professionnelles, en tentant de résister à la honte ou à la mélancolie. Elles assument cette vie-là même si les silences qui les traversent disent beaucoup de la complexité de leur existence.
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Le propos général du film alterne entre la chronique sociale et la romance homosexuelle. Les scènes qui réunissent les deux femmes dans la rare intimité des chambres conçues pour l’amour sont d’une très belle simplicité. Les paroles sont rares, les gestes annoncent la construction d’une relation particulière qui s’écrit lentement au milieu du quotidien d’un bordel. La réalisatrice décrit remarquablement la différence entre des relations sexuelles tarifées, pourtant jamais vulgaires et irrespectueuses du client, et celle que les deux femmes construisent. Le passage à l’acte sexuel devient presque inutile, l’essentiel de leur affection s’élaborant dans la parole et le regard. Les deux personnages principaux sont magnifiques. L’une plus juvénile attise la flamme amoureuse, pendant que l’autre, plus âgée, laisse parler sa fragilité. Seule la joie est un long-métrage enivrant sur le désir, l’amour, la joie et la mélancolie, avec pour toile de fond ce double portrait sensuel et généreux.
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Seule la joie accompagne avec une grande dignité le duo amoureux de Maja et Sasha. La photographe à la fois très belle et très simple, le montage tout en finesse, la musique sont à la hauteur de ce délicat poème d’amour.
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