Passeur de rêve
Le 24 mai 2005
Voyage au pays du cinéma de Daney : un baume pour les neurones.
- Réalisateurs : Pierre-André Boutang - Dominique Rabourdin
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Éditions Montparnasse
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– Durée : 3h08mn
Voyage au pays du cinéma de Daney : un baume pour les neurones.
Casquette de titi vissée sur le ciboulot, grosses lunettes à la Woody Allen, pull jacquard d’époque (1992), fumant clope sur clope, Serge Daney est interviewé par Régis Debray. Disons plutôt que le dos de Debray sert bien au cadre de Pierre-André Boutang mais que l’intervieweur n’a pas trop besoin de se fatiguer à relancer son interlocuteur. D’entrée de jeu, Daney fascine. Et même si on le voit amaigri (il mourra du sida peu après le tournage), il donne l’impression - suprême élégance - que la maladie n’a aucune prise sur lui : son intelligence est d’une extrême acuité, d’une incroyable vivacité.
Serge Daney, c’est l’amour du cinéma personnifié, l’un des plus grands critiques de tous les temps, peut-être le dernier de sa race, en tout cas un exemple à suivre (à essayer de suivre) pour les jeunes critiques d’aujourd’hui. Il a été un des piliers des Cahiers du cinéma et l’âme des pages ciné de Libération, cet homme dont les yeux pétillent derrière les verres épais de ses lunettes pour nous livrer non pas une leçon, mais un témoignage en forme de legs généreux. A commencer par sa définition du cinéma qu’il aime et qui est "le cinéma qui [le] regarde". A-t-on jamais entendu plus passionnée et plus parlante expression ?
"Ciné-fils" ainsi qu’il se nomme lui-même parce qu’"enfant de la Cinémathèque" d’Henri Langlois, il nous emporte à travers son histoire et sa géographie sur pellicule pendant un peu plus de trois heures, en plans fixes ponctués d’images de ses films de chevet. Défilent les grands Américains de son cœur - Hawks, Ford, Hitchcock -, la Nouvelle Vague, Fellini, Bergman, mai-68, le cinéma engagé, l’irruption de la télévision. Qu’est-ce que voir, regarder, défendre un film, se demande tout haut Serge Daney, qui repart de plus belle dans une floraison d’idées brillantes, une exploration tous azimuts aussi séduisante que sidérante. Tant de films vus, tant d’idées brassées avec autant d’émotion que de pénétration : au bout du compte se dessine un parcours qui a épousé son temps, devancé souvent même. Et duquel se dégage plus qu’une philosophie : une morale. Bref, n’en jetons plus, vous aurez compris que ce voyage au pays du cinéma est un baume pour les neurones. À notre époque où fonctionne à plein rendement la machine à décerveler, un seul conseil : vous le procurer séance tenante.
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