Le 24 septembre 2022
Un joli film sur l’adolescence, mais surtout une première œuvre d’une toute jeune réalisatrice de vingt ans, dont le talent nous laisse pantois.
- Réalisateur : Suzanne Lindon
- Acteurs : Frédéric Pierrot, Philippe Uchan, Dominique Besnehard, Arnaud Valois, Rebecca Marder, Florence Viala, Françoise Widhoff, Suzanne Lindon
- Genre : Comédie dramatique, Teen movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Paname Distribution
- Durée : 1h14mn
- Date télé : 24 septembre 2022 20:50
- Chaîne : Ciné+ Club
- Date de sortie : 16 juin 2021
- Festival : Festival de Cannes 2020
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Résumé : Suzanne a seize ans. Elle s’ennuie avec les gens de son âge. Tous les jours pour aller au lycée, elle passe devant un théâtre. Elle y rencontre un homme plus vieux qu’elle qui devient son obsession. Grâce à leur différence d’âge, ils pensent ne plus s’ennuyer ensemble et tombent amoureux. Mais Suzanne sent qu’elle risque de passer à côté de sa vie, celle de ses seize ans qu’elle avait tant de mal à vivre comme les autres.
Critique : Dès la première séquence, Suzanne Lindon affirme les références cinématographiques qui ont jalonné son parcours de jeune adulte et d’adolescente. On retrouve dans le sourire en coin, le regard noir, la pose bien connue de L’Effrontée de Claude Miller. Le groupe de gamins parle autour de diabolos fraise qui, évidemment, ne manquent pas de nous rappeler le fameux film de Diane Kurys, en 1977. Et surtout, l’héroïne s’appelle Suzanne (la réalisatrice et comédienne aussi d’ailleurs), elle affiche dans sa chambre une autre photographie de son homonyme, la Suzanne d’À nos amours de Maurice Pialat, où d’ailleurs Dominique Besnehard jouait le rôle du frère. Tout est dit. La comédienne s’engage dans un long métrage où les émois adolescents figurent au centre. C’est un film que la metteuse en scène a commencé à écrire quand elle était lycéenne. L’imprégnation de souvenirs personnels semble évidente dans cette histoire élégante et attachante, la jeune réalisatrice osant même faire lire à l’actrice qui joue sa mère dans le film un roman de sa tante, Laurence Kiberlain.
- Copyright Paname Distribution
Suzanne Lindon n’a pas peur de ses références, assume son nom de famille, la culture cinématographique et artistique dans laquelle elle baigne depuis qu’elle est née. Elle assume le cadre parisien et favorisé où son héroïne grandit. Elle ne craint pas les critiques, les jalousies. Car elle écrit et dirige un film qui pourrait parler de toutes les adolescences, ce moment si sensible dans la vie où le cœur s’emballe pour le meilleur et pour le pire. La jeune héroïne de seize ans jette son dévolu sur un comédien de trente-cinq ans qui prépare un spectacle au Théâtre de l’Atelier. L’homme est séduisant, assuré, là où la jeune fille est timide, secrète, et si peu confiante en elle-même. Mais que le spectateur ne se trompe pas : il ne s’agit pas d’un récit qui évoque la relation entre un homme âgé et une jeune adolescente. Les deux êtres se choisissent, se rencontrent, se séduisent, sans jamais céder à la brutalité de l’acte sexuel ou de la manipulation de l’un sur l’autre. Il y a même beaucoup de respect réciproque dans ce joli duo. La réalisatrice truffe son film de multiples références littéraires comme Vian et Baudelaire. La trame évoque aussi le fameux roman de Françoise Sagan, Bonjour tristesse.
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La force de Suzanne Lindon est d’avoir inséré des scènes de danse dans son histoire. En donnant vie à ces pages musicales, à travers les mouvements d’une grande grâce de la comédienne, le film évite la brutalité d’une relation entre une adolescente et un adulte qui serait charnelle. La rencontre entre les deux êtres est d’abord celle de deux artistes, deux expressions, l’une théâtrale, l’autre chorégraphique. Les corps se courtisent, se guettent et se fondent dans la sensualité de la musique. Ainsi, le récit s’élève par l’intermédiaire d’un mouvement presque poétique, dans un contexte où, paradoxalement, les deux personnages avouent ne lire que trop rarement des poèmes.
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Il faut souligner la très grande maturité cinématographique de Suzanne Lindon. La jeune femme n’a que vingt ans, mais elle maîtrise déjà les clés de la mise en scène. Elle est à la fois auteure, comédienne et réalisatrice, irradiant l’écran d’un bout à l’autre de cette fiction. On se demande d’ailleurs, à l’issue de cette jolie comédie sentimentale, si nous ne tenons pas là le nouveau Xavier Dolan féminin du cinéma français.
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