Secret de famille - Cristiane Oliveira - critique

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Critique : D’une forme de stase induite par le deuil, ce très joli film naturaliste, empreint de mystère, tire sa consistance, offrant à la fois un récit initiatique et un portrait discret du Brésil, entre tradition et modernité.
Joana est intimement marquée par la mort de sa tante, qui vient télescoper le début de son adolescence. Les deux événements se cristallisent à travers une quête et une enquête irriguées par le motif de la virginité. La jeune fille se demande si la défunte a jamais connu l’amour, tout en attendant que l’expérience se produise dans sa propre vie. Si l’héroïne capte le regard d’un garçon à la dérobée, elle investit bientôt sa relation amicale avec sa camarade de classe Carolina, tout en laissant affleurer le soupçon d’une attirance. La caméra accompagne le trouble avec une grande délicatesse, au gré d’une promenade en barque, d’une soirée dans une chambre, d’un baiser dans un paysage d’éoliennes.
On comprend que l’enjeu de l’investigation menée par l’adolescente est une manière d’illustrer le mot "suspens" dans sa richesse polysémique, à partir de scènes d’éveil à la sensualité, mais aussi de déambulations dans une nature qui impose sa présence indéchiffrable, comme le souffle du vent accrochant les cheveux des jeunes filles, au bord de la mer.
Secret de famille est une réussite indéniable, construite sur de multiples niveaux de lecture, où, certes, s’investissent des problématiques sociétales (notamment celle de l’homophobie au pays de Bolsonaro). Mais jamais le long métrage ne semble piégé par un propos didactique, qui chercherait à imposer l’évidence d’un sens. Il accorde au contraire son contenu à son rythme de languissante rêverie, offrant au regard et aux pensées la liberté de vagabonder.

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