Le 14 février 2019
Quelques beaux moments d’action et de suspens, mais aussi des ressorts psychologiques déjà souvent utilisés.
- Acteurs : Max Thieriot, Jessica Paré, David Boreanaz
- Genre : Drame, Action
- Nationalité : Américain
- : Paramount Home Entertainment
- Durée : 22 x 40mn
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– Sortie DVD : le 6 février 2019
Résumé : Le quotidien professionnel et personnel des membres de la plus haute unité d’élite des Navy SEALs, qui s’entraînent, planifient et exécutent les missions les plus dangereuses à la demande du gouvernement américain.
Notre avis : Cette nouvelle série d’action se compose très nettement de deux parties, les épisodes 13 à 22 s’appuyant sur une intrigue unique bien que foisonnante, alors que les douze premiers ont chacun leur nœud narratif distinct. Même si elle crée un déséquilibre, cette structure a l’avantage d’habituer le spectateur à l’efficacité de la troupe (la « team » du titre) et de développer leurs personnalités et leurs problèmes de manière à ce qu’ils soient ensuite moins prégnants. C’est intéressant, mais peut-être pas si habile qu’il y paraît, à cause de l’inévitable redite de la composition. En effet, chaque épisode du début suit une progression quasi invariable : un incident dans un pays (Chine, Estonie, Brésil, Soudan) nécessite une intervention, en général réussie malgré d’inévitables imprévus, sauf dans le sixième où elle est annulée. Comme tout doit tenir en 40 minutes, on n’échappe pas à des simplifications gênantes, voire à des dénouements bâclés.
- Copyright Erik Voake/CBS
Entre les combats, les héros ont à affronter des difficultés personnelles qui servent de lien à toute la série : Jason, le chef, est en train de se séparer de sa femme alors qu’ils s’aiment encore ; Ray, son second et ami, n’a pas de problème de couple mais sa famille qui s’élargit se voit confrontée à des fins de mois financièrement compliquées, Spenser, le petit nouveau, doit faire oublier le souvenir de son père auteur d’un livre mettant en cause l’armée, réussir à intégrer le corps, et se débrouiller avec une rencontre féminine dont il ne sait pas si elle est sérieuse. Encore ne sont-ce là que les protagonistes, mais chaque membre de l’équipe est en proie tôt ou tard à des tourments le plus souvent amoureux. Il faut bien le dire, ce n’est pas là que Seal team fait preuve d’originalité : les traumatismes, la rivalité entre le travail et la vie privée, il y a belle lurette que les séries s’en sont emparé, les ont densifiés et complexifiés, rendant plus adultes des intrigues conventionnelles. Ici, on navigue souvent dans les clichés, les répliques stéréotypées, les grandes explications conflictuelles qui ne dépareraient pas toujours dans des soaps. Pour un dialogue brillant (Spenser disant à son père : « Je ne marche pas sur tes pas, je les efface »), il faut en supporter beaucoup de balourds ou de trop laborieusement explicites.
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Non, décidément, ce n’est pas sur le terrain psychologique que Seal team innove, ni même ne charme, bien qu’on sente quelques velléités de dépasser le banal, avec un petit écart sur le racisme ou une réflexion sur ce qui définit l’ennemi. L’essentiel néanmoins, la raison d’être de la série, ce sont les opérations musclées menées aux quatre coins du monde, dans les régions les plus inhospitalières : si, dans les douze premiers épisodes, on est relativement déçus, c’est, on l’a dit, pour des raisons de durée ; on voit mal en effet comment développer une intrigue ambitieuse en si peu de temps. Qu’on ne s’attende évidemment pas à un exposé sur les relations internationales, pas plus qu’à une visite touristique des pays concernés : il s’agit de s’acquitter d’une mission, vite et bien, le plus souvent à l’insu des autorités nationales. En ce sens, les meilleurs épisodes sont naturellement ceux qui jouent le plus la carte de l’action et du suspens : le cinquième, au Soudan, est un vrai cauchemar au milieu d’émeutes de la population ; le neuvième, très tendu, repose sur un suspens efficace en plein territoire chinois. Pour les autres, la séduction est plus fugace ; il faut parfois supporter un bon moment de bla-bla avant de voir les péripéties s’enchaîner.
- Copyright Erik Voake/CBS
Si cette série ne renouvelle pas le genre, elle parvient in extremis à trouver une petite personnalité ; moins sale, moins crue, moins grossière que Strike back auquel elle fait penser, elle joue dans ses meilleurs moments d’une multiplication de points de vue qui densifie les attaques : caméras embarquées et lunettes infra-rouges le disputent à la caméra habituelle, en un ballet parfois virtuose. Mais c’est la seule signature esthétique. Pour le reste, on a encore droit à des filmages saccadés et très mobiles, à un montage haché, à des dominantes censées restituer une atmosphère (bleue en Estonie, jaune dans les régions chaudes…).
Et puis, à partir d’un voyage de plusieurs mois en Afghanistan, à partir de la mort d’une autre équipe, Seal team évolue : fini les intrigues bouclées en quarante minutes et les enjeux simples. La narration s’étend, se ramifie, les coupables cachent des coupables qui à leur tour... On passe d’un manichéisme récurrent à une manière de complot impliquant de multiples groupes rivaux, des manipulations et des intérêts divergents. Les personnages en sortent plus riches, et l’intérêt ne se dément plus : l’occasion aussi de vibrer à des attaques plus dangereuses, moins convenues, et même à deux cliffhangers redoutables (épisodes 20 et 22).
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Au total, cette série inégale ne manque pas d’accrocher son spectateur ; elle sait allier, au moins dans sa seconde partie, suspens et ambition, assurant le spectacle sans grand problème. Reste qu’au terme de ce parcours, la question idéologique, à peine effleurée, ne laisse pas de poser question : les étrangers sont souvent des victimes, des méchants ou des incapables (ah ! La police du Paraguay…) ; le monde est un terrain de chasse quasiment privé, où l’armée américaine se promène à loisir pour éliminer les « bad guys » et rendre les pays « plus sûrs » (cette idée revient à plusieurs reprises). Pas ou si peu de questionnement sur le bien-fondé des interventions et, quand Ray tue un enfant à cause d’un problème d’épaule qu’il avait tu, un seul médecin l’évalue et l’amnistie. À cela s’ajoute le rejet de l’administration, du pouvoir hésitant, des civils qui ne comprennent rien ; bref, cette série, efficace répétons-le, a aussi l’allure d’une vaste propagande. On peut s’en désoler et jouir quand même du savoir-faire des scénaristes en ce qui concerne les assauts et exfiltrations, mais une légère amertume persiste à la fin de ces 22 épisodes.
Les suppléments :
Répartie sur quatre DVD, les dix scènes n’apportent pas grand-chose, pas plus que les promos de lancement (2mn30). En revanche les modules présents sur le dernier disque sont plus intéressants : le débriefing de la saison 1, fondé sur les témoignages des acteurs et producteurs, donne des informations utiles, en particulier sur les choix narratifs et la vraisemblance attestée par des conseillers techniques, même si l’aspect hagiographique lasse quelque peu. Quant aux trois sujets sur le chien et son dresseur (5mn), les décors intérieurs (5mn) et extérieurs (3mn), ils sont assez légers et courts pour qu’on les apprécie sans remords. En revanche, le bêtisier tombe à plat (2mn30).
L’image :
La copie est évidemment propre, lisse et conforme aux standards actuels : une image bien définie, respectant des choix opérés selon les lieux. Les séquences nocturnes ou en vision infrarouge en particulier misent sur un réalisme efficace. On reste cependant dans des critères télévisuels, plutôt bien restitués.
Le son :
Les deux pistes testées (VF et VOST 5.1) préservent la limpidité des dialogues, mais s’animent surtout quand la musique s’enflamme ou, au générique, avec la pale d’hélicoptère. Quant aux détonations et explosions, elles font leur effet. La VO est préférable, plus fidèle aux tons et nuances, bien qu’on se doive de souligner des fautes d’orthographe récurrentes et une curieuse incohérence passagère dans l’utilisation du vouvoiement. La VF, soignée, ne traduit pas certains dialogues en langues étrangères.
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