Saga T.8 - La chronique BD

La série à succès de Brian K. Vaughan et Fiona Staples est de retour avec ce tome 8. Comme toujours très attendu, ce nouvel opus nous plonge dans cet univers si particulier, qui aura au fil du temps confirmé l’intronisation des auteurs dans la catégorie des rock-stars du comics indé américain. En particulier Brian K. Vaughan, à qui l’on devait déjà Y le dernier homme et plus récemment Paper girls.
Prince robot, train dragon, chat détecteur de mensonges, vaisseau végétal... dans ce Roméo et Juliette version space opera, il laisse libre cours à son imagination et on a rarement vu une telle créativité aussi brillamment mise en images.

On avait laissé Alana, Marko et leur fille Hazel dans une situation bien compliquée suite à leur départ précipité de la comète Phang et surtout après la mort de l’enfant que portait Alana. Le couple le plus recherché de la galaxie part alors dans le plus grand secret sur Avorteville tout en essayant de se reconstruire. C’est une des forces du récit, cette habileté avec laquelle le lecteur passe subrepticement d’une aventure spatiale à un récit intimiste au cœur duquel un jeune couple fait face au traumatisme d’un tel événement. Leur chemin va bien évidemment s’avérer semé d’embûches à mesure qu’Alana développe des capacités insoupçonnées de magie.
En parallèle le récit ouvre de nouvelles pistes : le Testament est aux prises d’un mystérieux ravisseur décidé à fouiller son passé tandis qu’Écuyer, le fils du prince robot, tente de survivre auprès de ses compagnons en attendant le retour de son père.

A mesure que l’intrigue avance, le duo d’auteurs confirme sa capacité à maintenir une histoire passionnante tout en prenant le soin de surprendre le lecteur. Les thématiques développées évoluent en même temps que les personnages grandissent. A celles de la famille et de la tolérance, centrales depuis le début de la série, s’ajoutent dans ce tome celles du deuil et de l’acceptation. L’humour est cependant le réel fil conducteur. Les différentes intrigues imbriquées s’ouvrent et se résolvent tandis qu’on se laisse porter d’un univers à un autre. Saga parvient à se réinventer perpétuellement sans que la cohérence de l’ensemble ne se délite.

On découvre de nouveaux univers magiques et une ribambelle de personnages incroyables : une famille de centaures pas comme les autres, un hibou shérif, une louve docteure, un caméléon de compagnie/garde du corps. Tous ces protagonistes sont au service d’une véritable déclaration d’amour aux différents genres auxquels Saga se réfère.
Ce nouvel opus confirme encore une fois son statut de référence en terme d’imaginaire créatif. Notamment grâce aux illustrations hallucinées de Fiona Staples qui parvient à passer du merveilleux au gore en quelques cases. Cet univers ne cesse de s’enrichir et on ne s’en lasse pas. Voilà un voyage qu’on souhaite voir continuer longtemps.