Balle perdue
Le 16 janvier 2021
Le scénariste de Dirty Dancing 2 fait un pas de plus dans l’indigence, entraînant de facto le pauvre Statham et nos fantasmes barbares dans sa terrible chute.
- Réalisateur : Boaz Yakin
- Acteurs : James Hong, Jason Statham, Anson Mount, Chris Sarandon, Reggie Lee, Robert John Burke
- Genre : Action, Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 13 mai 2024 21:20
- Chaîne : C8
- Titre original : Safe
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 27 juin 2012
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Un ancien agent secret sauve une petite fille à la mémoire exceptionnelle, déclenchant ainsi une guerre des gangs entre les Triades, la mafia russe et des policiers new-yorkais corrompus. Tous veulent mettre la main sur l’enfant, la seule à détenir la combinaison d’un coffre-fort très convoité.
Critique : Jason Statham ne monopolise pas l’actionner contemporain, non, il l’incarne. C’est sa résidence principale, voire son chenil privé. On se demande même quel genre de pression fantastique le lad dégarni parvient à exercer sur les directeurs de casting, pour être systématiquement élu parmi les élus de la gifle noble et du verbe rare. Quoi qu’il en soit, cette espèce de John McLane du Derbyshire insulte aussi régulièrement la méthode Stanislavski, en enfonçant son auguste paume dans la gueule des gêneurs. Quitte à jouer le même rôle depuis quatorze ans. Le souci, c’est que la qualité de notre pitance dépend entièrement de la capacité du réalisateur à sublimer cet ingrédient unique et incontournable. Dans le cas de Safe, la soupe est immangeable.
Ne vous inquiétez pas : vu ses crimes et ses carences récidivistes, le film s’auto-propulse dans la catégorie des bouses sous-paragraphiques. C’est-à-dire qu’on ne va certainement pas vous pomper l’air et les neurones avec cet objet sans visage, qui fera des tréfonds de vos disques durs son habitat naturel. Aussi, passons rapidement sur la performance ectoplasmique d’un Statham manifestement privé d’indications de jeu et de vannes potables, dont la simple rouste infligée aux caïds du playground dans Expendables surpasse allègrement les quarante-deux crochets brise-mâchoires qu’il distribue dans Safe. Et si on croit bel et bien à son personnage d’ex-flic taiseux, moitié clochard moitié free fighter, le film n’arrive jamais à nous faire avaler que la détresse de la petite Mei puisse sauver un pareil franc-tireur du suicide. C’est gênant, surtout parce qu’il s’agit de la raison d’être et de cogner de ce fameux Luke Wright.
Mais bref, admettons qu’on veuille bien s’embarquer pour 1h35 d’action hasardeuse et de thriller paralympique, avec un personnage dont on ne croit absolument pas aux motivations. Ne fallait-il pas penser à construire quelque chose autour de la mascotte ? Comme des seconds rôles crédibles ? Un trio de mafias menaçant ? Et pas seulement une bonne trentaine de bras cassés internationaux, incapables de mettre la main sur un chauve en fuite avec une cm1 sous le bras ? Ne fallait-il pas utiliser un tant soit peu l’hypermnésie de Mei ? Au lieu d’en faire le fondement du pitch et la grande absente du scénario ? Ne fallait-il pas soigner autre chose qu’une séquence de poursuite et tenter, par exemple, de cadrer au moins des bastons déchiffrables ? À défaut d’en faire des scènes de compétition ? Ne fallait-il pas assumer les limites d’un récit centré sur Dirty Jason et balayer cette histoire de pseudo-guerre des gangs, aussi crédible que Statham en Billy Eliott ? Fallait-il, enfin, financer ce film malade, capable de rentrer par une rétine et de ressortir simultanément par un endroit que la décence nous interdit de nommer ici ? En tout cas, sachez qu’il manque neuf « si » et un « non » dans le paragraphe que vous venez de lire. Saurez-vous retrouver leur place ? Vous avez une heure et l’autorisation de ne pas voir le film pour répondre.
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.