Balle perdue
Le 16 janvier 2021
Le scénariste de Dirty Dancing 2 fait un pas de plus dans l’indigence, entraînant de facto le pauvre Statham et nos fantasmes barbares dans sa terrible chute.


- Réalisateur : Boaz Yakin
- Acteurs : James Hong, Jason Statham, Anson Mount, Chris Sarandon, Reggie Lee, Robert John Burke
- Genre : Action, Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 5 février 2025 22:58
- Chaîne : CSTAR
- Titre original : Safe
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 27 juin 2012

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Résumé : Un ancien agent secret sauve une petite fille à la mémoire exceptionnelle, déclenchant ainsi une guerre des gangs entre les Triades, la mafia russe et des policiers new-yorkais corrompus. Tous veulent mettre la main sur l’enfant, la seule à détenir la combinaison d’un coffre-fort très convoité.
Critique : Jason Statham ne monopolise pas l’actionner contemporain, non, il l’incarne. C’est sa résidence principale, voire son chenil privé. On se demande même quel genre de pression fantastique le lad dégarni parvient à exercer sur les directeurs de casting, pour être systématiquement élu parmi les élus de la gifle noble et du verbe rare. Quoi qu’il en soit, cette espèce de John McLane du Derbyshire insulte aussi régulièrement la méthode Stanislavski, en enfonçant son auguste paume dans la gueule des gêneurs. Quitte à jouer le même rôle depuis quatorze ans. Le souci, c’est que la qualité de notre pitance dépend entièrement de la capacité du réalisateur à sublimer cet ingrédient unique et incontournable. Dans le cas de Safe, la soupe est immangeable.
Ne vous inquiétez pas : vu ses crimes et ses carences récidivistes, le film s’auto-propulse dans la catégorie des bouses sous-paragraphiques. C’est-à-dire qu’on ne va certainement pas vous pomper l’air et les neurones avec cet objet sans visage, qui fera des tréfonds de vos disques durs son habitat naturel. Aussi, passons rapidement sur la performance ectoplasmique d’un Statham manifestement privé d’indications de jeu et de vannes potables, dont la simple rouste infligée aux caïds du playground dans Expendables surpasse allègrement les quarante-deux crochets brise-mâchoires qu’il distribue dans Safe. Et si on croit bel et bien à son personnage d’ex-flic taiseux, moitié clochard moitié free fighter, le film n’arrive jamais à nous faire avaler que la détresse de la petite Mei puisse sauver un pareil franc-tireur du suicide. C’est gênant, surtout parce qu’il s’agit de la raison d’être et de cogner de ce fameux Luke Wright.
Mais bref, admettons qu’on veuille bien s’embarquer pour 1h35 d’action hasardeuse et de thriller paralympique, avec un personnage dont on ne croit absolument pas aux motivations. Ne fallait-il pas penser à construire quelque chose autour de la mascotte ? Comme des seconds rôles crédibles ? Un trio de mafias menaçant ? Et pas seulement une bonne trentaine de bras cassés internationaux, incapables de mettre la main sur un chauve en fuite avec une cm1 sous le bras ? Ne fallait-il pas utiliser un tant soit peu l’hypermnésie de Mei ? Au lieu d’en faire le fondement du pitch et la grande absente du scénario ? Ne fallait-il pas soigner autre chose qu’une séquence de poursuite et tenter, par exemple, de cadrer au moins des bastons déchiffrables ? À défaut d’en faire des scènes de compétition ? Ne fallait-il pas assumer les limites d’un récit centré sur Dirty Jason et balayer cette histoire de pseudo-guerre des gangs, aussi crédible que Statham en Billy Eliott ? Fallait-il, enfin, financer ce film malade, capable de rentrer par une rétine et de ressortir simultanément par un endroit que la décence nous interdit de nommer ici ? En tout cas, sachez qu’il manque neuf « si » et un « non » dans le paragraphe que vous venez de lire. Saurez-vous retrouver leur place ? Vous avez une heure et l’autorisation de ne pas voir le film pour répondre.