Pièce troublante
Le 10 décembre 2013
Petit tour dans une chambre mythique pour le moins hypnotisante.
- Réalisateur : Rodney Ascher
- Genre : Documentaire
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h47min
- Date de sortie : 19 juin 2013
- Plus d'informations : http://www.room237movie.com/
- Festival : L’Étrange Festival 2012, Gérardmer 2013
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– Sortie du DVD : 27 novembre 2013
Etrange investigation sur l’une des (nombreuses) œuvres cultes du manifeste Stanley Kubrick, Room 237 profite de l’adulation vouée à Shining pour forger sa réputation. Un film dont les défauts sont les qualités mais dont la sortie en DVD nous permettra de multiples visionnages.
L’argument : En 1980, Stanley Kubrick signe Shining, qui deviendra un classique du cinéma d’horreur. A la fois admiré et vilipendé, le film est considéré comme une œuvre marquante du genre par de nombreux experts, tandis que d’autres estiment qu’il est le résultat du travail bâclé d’un cinéaste de légende se fourvoyant totalement. Entre ces deux extrêmes, on trouve cependant les théories du complot de fans acharnés, convaincus d’avoir décrypté les messages secrets de Shining.Room 237 mêle les faits et la fiction à travers les interviews des fans et des experts qui adhèrent à ce type de théories, et propose sa relecture du film grâce à un montage très personnel.
- © Wild Bunch Distribution
- © Wild Bunch Distribution
Le film : Considéré par nombre de cinéphiles comme l’un des plus grands metteurs en scène de tous les temps, voire le plus grand, feu Stanley Kubrick continue à faire l’objet d’un culte quasiment défiant. Au milieu de cette communauté sentencieuse, trônent quantité de critiques et autres théoriciens qui profitent du recul pour asseoir leurs avis dithyrambiques sur la filmographie du maître. Se plonger dans Room 237, exige de se replonger dans le mythique Shining : fait-il couler autant d’encre car il trône dans les classements des films les plus terrifiants de tous les temps ? Est-ce simplement une grande oeuvre au-delà des considérations de listing au sein des films de genre ? Ce qui est certain, c’est qu’il reste un archétype de mise en scène claustrophobique où les amples mouvements s’opposent à des cadrages radicaux, fixes, explicitant le détachement de la réalité de ses protagonistes. Le projet d’une plongée analytique dans cette œuvre était donc plus qu’alléchante sur le papier. Malheureusement, comme le pointe Virgile Dumez dans son analyse, l’entreprise tourne bien vite à une "parodie d’analyse filmique qui fera en tout cas pâlir tous les universitaires sérieux". Mais de façon inattendue, c’est plus dans le sens créé par cette succession de délires, presque psychanalytiques, que naît une certaine teinture des passions cinéphiliques immodérées.
- © Rapid Eye Movies
- © Rapid Eye Movies
On en vient rapidement à saisir les intentions de Rodney Ascher qui met en avant ses intervenants par une voix off sans concession. Le réalisateur va même jusqu’à conserver au montage les effets "live" du projet, en maintenant par exemple l’interruption d’une analyse par une crise des enfants du théoricien. Dès lors, il est difficile de ne pas voir en Ascher un chef d’orchestre s’amusant du résultat même des exaltations de ses protagonistes. Le leitmotiv principal relatif à la captation de Kubrick de l’alunissage de 1969, tourne bien vite à la théorie du complot jamais remise en cause. Par cette mise en avant d’idées farfelues, mais néanmoins annoncées avec un aplomb amusant, le metteur en scène crée un portrait de personnages qui va au-delà de la problématique basique d’étude d’un film culte : il tend finalement à la perception même de la passion cinéphilique subjective, passion qui croise en cela plusieurs thèmes d’égarements de Shining.
- © Rapid Eye Movies
- © Rapid Eye Movies
Bien évidemment on est circonspect face à ces personnes voyant dans la disparition d’une chaise, le temps d’un champ-contrechamp, une intellectualisation de Stanley Kubrick. On ne peut que s’indigner d’assister à la réalisation de plans graphiques prouvant l’incohérence architecturale de l’œuvre, alors même que la perte spatio-temporelle trône au centre du thème filmique. Néanmoins, le contrebalancement des théories crée une jolie mise en abîme de la perte d’objectivité de nos exégèses passionnées face à une réalisation chère. Avec une discrète distanciation, Room 237 parle finalement plus des relations autolâtres à un film sur la folie, que du film en question. La chambre 237 est, et restera, imparfaite mais magnétisante.
La critique complète : ICI
Les suppléments :
Des bonus intéressants mais malheureusement bien maigres ! On devra se contenter d’une interview, bien menée, d’un clip, calibré, et d’une bande-annonce cinéma. Une plongée dans la réalisation du film aurait été intéressante, d’autant qu’on aurait aimé en apprendre plus sur l’ouverture des archives pour la réalisation du reportage.
L’image :
Le travail sur l’image du reportage en lui même est propre, mais pas transcendant. Il est par contre important de mettre en avant la grande qualité des extraits de films de Kubrick : tous mis en avant par des contrastes très équilibrés.
Le son :
Le son VO anglais DTS 5.1 est quant à lui dans la norme des reportages "habituels". Le travail de sound design pour les ajouts (notamment les bruitages de guerre mondiale illustrant les passages relatifs à l’holocauste) est suffisamment substantiel pour être mis en avant, lors d’une spatialisation judicieuse. La répartition des pistes lui rend bien hommage.
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