Reza - la critique du film

Critique : Ils divorcent. Pourtant, même devant le juge, la complicité des deux époux se perçoit immédiatement. Alireza Motamedi, en commençant son premier long métrage de cette façon, fait déjà un pied de nez à tout ce cinéma iranien, de tradition sociale forte, où la question de la liberté de la femme était interrogée. Le réalisateur invite à un cinéma sentimental, où il n’est pas directement en jeu des questions d’ordre politique, mais avant tout, une réhabilitation des arts et de l’écriture qui font de l’Iran, un grand pays. D’ailleurs, contre toute attente, la caméra s’invite dans une société très éloignée des clichés contemporains que les médias occidentaux voudraient lui attribuer. Téhéran est présentée comme une ville riche, très belle, où la douceur de vivre est manifeste. La modernité apparaît en effet comme le qualificatif le plus adapté à ce film.

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S’agit-il d’une volonté délibérée du cinéaste que de donner à voir son pays par le biais de sa bourgeoisie aisée ou, au contraire, un artifice pour mieux dénoncer un régime autoritaire et peu soucieux de sa population pauvre ? Ni l’un, ni l’autre sans doute. Reza est avant tout une aventure sentimentale d’un écrivain, en mal d’amour, qui ne parvient pas à faire le deuil de sa séparation avec son épouse. Le cinéaste accompagne chaque instant son personnage principal, un homme sans qualité, bedonnant, mais profondément attachant. On le regarde préparer des dîners incroyables, auquel le spectateur lui-même voudrait s’associer. On le voit hésiter, se perdre dans des rêveries, et réciter son roman qu’il est en train d’écrire. La beauté est recherchée par le réalisateur. Il choisit un cadrage particulier de son image, comme si, en refusant l’écran panoramique, il optait pour une mise en peinture de son récit. La délicatesse et la douceur affleurent dans cette histoire moderne, qui pourrait être transposée dans n’importe quelle contrée du monde.

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Il faut saluer la bande originale particulièrement soignée. Si le réalisateur n’abuse pas de l’incursion musicale, à chaque fois, il choisit des morceaux d’une très belle sobriété, jusqu’au générique final. Il faut d’ailleurs encourager les spectateurs à aller au bout de ce générique : tant les écritures farsi que la voix de ce chanteur constituent une sorte de petit moment magique dans nos existences stressantes.

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Bien sûr, Reza n’est pas un immense chef-d’œuvre visant à révolutionner le cinéma iranien. Mais l’ambition du metteur en scène est juste de donner à regarder une histoire simple, dans un pays résolument moderne, loin des contingences politiques qui le secouent actuellement. Le film est une invitation à un art de vivre empreint de douceur et de quiétude. Surtout, le récit offre une panoplie de visages féminins tout à fait réjouissants. Les personnages sont libérés des carcans religieux et de la domination des hommes. Ces femmes assument leur peine, comme leur joie de vivre, et font tourner la tête à notre héros, sans doute perdu devant autant de facéties. En cela, Reza mérite d’être défendu, car il est heureux de parler de la condition féminine, non pas sur le ton de la dénonciation, mais sur celui de la revendication à un mode de vie apaisé et libre.