Le 11 juin 2022
Le guerrier fatigué n’en a pas fini de renaître. Stallone remet donc le couvert pour ce Dernier Sang en roue libre. Un opus de trop.


- Réalisateur : Adrian Grunberg
- Acteurs : Paz Vega, Sylvester Stallone , Sergio Peris-Mencheta
- Genre : Action, Nanar
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h40min
- Date télé : 1er juin 2023 21:19
- Chaîne : C8
- Date de sortie : 25 septembre 2019

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Résumé : Cinquième épisode de la saga Rambo. Vétéran de la Guerre du Vietnam, John Rambo va affronter un cartel mexicain après l’enlèvement de la fille d’un ami.
Critique : Après le passage de témoin de la saga Rocky au duo Coogler/Michael B. Jordan (Creed) et la résurrection des costauds du troisième âge avec son Expendables, Stallone revient à l’autre personnage fondateur de son propre mythe, John Rambo. Le combattant torturé et hanté par le Vietnam est l’une des icônes des années 1980 et surtout l’un des deux guerriers incarnés par Stallone rentré dans la culture comme LE personnage bodybuildé, surhomme dopé par la testostérone, mi-homme, mi-animal. C’est donc trente-six ans après le premier Rambo (First Blood, Ted Kotcheff), et onze ans après le sanglant retour de la bête en zone de guerre que Stallone décide de reprendre les armes.
Et si John Rambo qu’il avait lui-même réalisé était une excellente prolongation de la figure du guerrier fatigué dont il a bien du mal à se défaire, il n’en est pas de même pour ce "re-retour", revival de trop. Stallone qui arbore fièrement ses 73 ans commence cette fois vraiment à fatiguer. Son script a beau être d’une sincérité absolue, il n’en porte pas moins la naïveté ringarde d’un revenge movie quelconque, monté à la truelle et tourné en moufles. La vieille carcasse de cire de sieur Stallone est rouillée, la puissance de sa fureur est entachée par la mollesse de la réalisation d’Adrian Grunberg (Kill the gringo). Les scènes d’action, peu nombreuses, ont beau avoir le relent de la surenchère organique (os brisés en gros plan, coups de marteau mal placés, giclées de sang à foison), elles n’ont rien de la puissance guerrière dont Rambo était l’incarnation pure et parfaite. Le montage, le manque de lisibilité des séquences d’action éteignent peu à peu toutes les volontés de tension du récit. La grande scène de fin, vendue comme une grande scène de guerre contre les "cartels mexicains", ressemble plus à Maman, j’ai raté l’avion qu’à un véritable combat digne de la saga.
Mais le pire ici n’est pas évité : la gêne arrive dès les premiers dialogues lorsqu’il faut rappeler au spectateur novice qui est Rambo ("Je n’ai pas pu les sauver pendant la guerre", lance-t-il) et ce qu’il va devoir faire :"je ne peux pas protéger cette enfant du monde". Le scénario ne tient pas la route plus d’une quinzaine de minutes et les ellipses peinent à masquer la vacuité. La simplicité du propos n’étant pas au service de l’action, elle fait de cet opus un triste téléfilm mâtiné de détails gore, dont la lourdeur des situations et la ringardise de l’ensemble font tache dans la saga qu’il faut définitivement éteindre à présent puisqu’il ne s’agit plus de "Rambo" ici. Arrêtez le massacre !