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Le 18 février 2023
Stallone n’a pas volé sa caricature aux Guignols. Rambo ne parle pas, il grogne. Il ne combat pas, il anéantit. Plus une catastrophe qu’un film, ce troisième épisode a pour seul mérite de nous replonger dans la grande époque des films d’action bourrins, celle des années 80.
- Réalisateur : Peter MacDonald
- Acteurs : Sylvester Stallone , Richard Crenna, Sasson Gabai, Marc de Jonge, Kurtwood Smith
- Genre : Aventures, Action, Film de guerre, Nanar
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Columbia Tristar Motion Picture Group
- Durée : 1h39mn
- Date télé : 9 octobre 2024 23:22
- Chaîne : C8
- Date de sortie : 26 octobre 1988
- Voir le dossier : La saga Rambo
- Plus d'informations : Pour mieux comprendre le cinéma américain des années 80
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Résumé : Le colonel Trautman contacte Rambo dans sa retraite en Thaïlande pour qu’il l’accompagne dans une mission périlleuse en Afghanistan. Mais l’ex-soldat refuse afin de se consacrer aux moines bouddhistes qui l’ont recueilli. Lorsque, quelques jours plus tard, l’agent Griggs lui explique que Trautman a été capturé par le colonel Zaysen, Rambo décide de sauver son ami. Il s’infiltre dans les lignes ennemies et découvre toute l’horreur du conflit qui oppose les moudjahidin à l’armée soviétique. Déterminé, il s’attaque à toute une armée sans oublier son objectif premier : récupérer Trautman.
Critique : Depuis le premier épisode, nous savons que John Rambo combat contre lui-même, bien qu’il annihile sur son passage les ennemis les plus puissants à travers cette « quête intime ». Enfermé dans son mutisme légendaire, sa voix rauque hésitait entre le cri barbare du prédateur ou l’aveu d’une guerre intérieure. Ici, il ajoute une corde à son arc fatal, un humour d’ours mal léché qui vient confirmer la tournure d’une franchise à bout de souffle : le divertissement pur et dur (à cuire) d’un cinéma hollywoodien, noyé sous le puritanisme reaganien.
L’ambiguïté pertinente du premier s’est depuis bien longtemps dissipée, si l’on considère notamment le révisionnisme affiché par Rambo 2, à travers la victimisation de notre bon sauvage, redistribuant ainsi les fautes sur les sournois communistes, et les invisibles technocrates de Washington. Entre pervers et traîtres, Rambo en icône mythique de héros américain, violé de son innocence primitive, doit se transcender : résistant à tous les assauts, il subit le calvaire christique pour arriver à ses fins. Et bien sûr, il doit également passer par la souffrance rédemptrice pour retrouver cette pureté originelle.
Cet épisode, sorti en 1988 sans grand succès, colle à une réalité tangible et contemporaine. L’invasion russe en Afghanistan, souvent comparée à la guerre du Vietnam. Il illustre parfaitement les raccourcis idéologiques qu’on avait déjà entrevus dans Rocky 4. A savoir, une réécriture du présent, en confiant tous les espoirs sur une seule figure mythique, capable de renverser la situation. Ainsi, Rambo devient le modèle américain, qui à force d’abnégation et de courage, réussit toutes les épreuves. Dans le film, il est porté aux nues par les moudjahiddins, alors qu’il n’a d’intérêt dans cette bataille qu’un désir individualiste (il peut se passer de l’aide pour sauver son ami).
Ce long métrage scande l’idée d’une Amérique retrouvée par la force du poignet. Celle qui sombra dans les doutes économiques, culturels durant les années 70, et trouva en Sylvester Stallone à travers les personnages de Rocky et Rambo LA figure censée redonner l’espoir et l’optimisme aux USA. Tel John Wayne, cet acteur absorbe son personnage pour ne faire qu’un. Entre la représentation et la réalité, l’écart sembla donc se réduire dans cette Amérique de l’entertainment, symbolisé par son président-acteur Reagan, tenace self made man qui insuffla la nouvelle dynamique individualiste de la réussite.
Il ne nous reste aujourd’hui qu’à sourire devant une vision si rudimentaire et vulgaire du monde et de ses conflits, face à cette idéologie du succès, devant le corps de Stallone (brushing émouvant sur un buste chatoyant), et les dialogues lyriques... Mais, avant tout, Rambo 3 peut se lire comme un témoin de l’ère reaganienne, de ses valeurs conservatrices propagées par le spectacle hollywoodien du film d’action eighties.
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