Le 31 décembre 2024
Le parcours cruel d’une famille d’exilés prise en étau entre la violence brutale de leur pays d’origine et la contrainte insidieuse exercée par ceux qui sont censés les accueillir.
- Réalisateur : Alexandros Avranas
- Acteurs : Chulpan Khamatova, Johannes Bah Kuhnke, Lisa Loven Kongsli, Grigoriy Dobrygin, Naomi Lamp
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Allemand, Suédois, Grec, Finlandais, Estonien
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 1h39mn
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 1er janvier 2025
- Festival : Festival de Venise 2024
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Résumé : Suède, 2018. Un syndrome mystérieux affecte les enfants réfugiés. Dans l’espoir d’une vie meilleure, Sergei, Natalia et leurs deux filles ont été contraints de fuir leur pays natal. Malgré tous leurs efforts pour s’intégrer et incarner la famille modèle, leur demande d’asile est rejetée. Soudainement, Katja, leur plus jeune fille, s’effondre et tombe dans le coma. Ils vont alors se battre, jusqu’à l’impensable, pour que leur fille puisse se réveiller… Inspiré de faits réels.
Critique : Le phénomène de résignation, qui plonge subitement dans le coma des enfants soumis à des années de peur de d’isolement, affecte tout particulièrement les enfants de réfugiés à qui l’on a refusé l’asile. Bien que découvert en Suède au début des années 2000, il est encore largement passé sous silence. Raison de plus pour susciter la curiosité du réalisateur grec Alexandros Avranas qui, depuis Miss Violence en 2012, se plaît à s’emparer de sujets de société percutants.
- Copyright les films du Worso
Une famille (deux parents et deux fillettes) russe cherche refuge en Suède, après avoir été physiquement agressée. En effet, le père, proviseur de lycée et enseignant, a tenu des propos contestataires jugés irrecevables, là où la liberté d’expression est plus que défaillante. Des migrants de type caucasien parfaitement intégrables face à une nation occidentale reconnue progressiste et respectueuse des avancées démocratiques, voilà qui s’annonce sous les meilleurs auspices. Et pourtant, c’est un chemin semé d’incessantes embûches qui s’ouvre devant eux.
Dans un environnement dépouillé aux tons neutres tout juste ravivés de panneaux rouges d’interdictions, peuplé de belles élégantes armées d’un sourire glacial et d’une fausse bienveillance, les épreuves se succèdent et l’enfermement mental envahit nos candidats à une vie meilleure, au point d’ébranler insidieusement l’opiniâtre unité familiale. La lenteur du récit, que certains jugeront sans doute excessive, renforce pourtant le sentiment d’oppression et maintient le spectateur dans une tension croissante, qu’une mise en scène savamment glaçante accroît encore. Condamnés à rester digne pour ne pas aggraver son sort, chacun se doit de courber le dos sous le poids des humiliations, là où l’on a envie de hurler, ce que finira par s’accorder la mère (Chulpan Khamatova, grande star de cinéma et de théâtre en Russie, elle-même récemment exilée), libérant fort à propos une contention asphyxiante pour apporter une bouffée d’émotion jusque-là retenue. Le silence est de rigueur et nos quatre comédiens (en particulier les deux fillettes) déploient un talent certain pour compenser l’absence de dialogues par l’expression de leurs visages et de leur gestuelle.
- Copyright les films du Worso
Quiet Life ne se contente pas de scruter les conséquences psychologiques de l’exil sur les enfants. Il s’intéresse aussi à ces conditions particulières qui font jaillir toute l’ampleur de l’amour inconditionnel des parents pour leur enfants, et sa capacité fédératrice à surmonter des obstacles kafkaïens. C’est pourtant là que le récit perd de sa puissance, se complaisant à s’égarer dans des envolées imaginaires, entre bulle protectrice et séance aquatique, pour semer quelques graines d’espoir factices.
Il n’en reste pas moins qu’entre réalité (film inspiré de faits réels) et dystopie, ce film constitue un cri d’alarme universel, difficile à ignorer, face à la déshumanisation des institutions insensibles aux individus, à leur problèmes et sentiments, et de plus en plus promptes à les traiter comme des citoyens de seconde zone.
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