Le 31 décembre 2024
Extraordinaire parcours d’un jeune queer russe qui fait de ses performances physiques et esthétiques, non seulement un combat personnel pour la reconnaissance de son identité, mais surtout une lutte politique contre l’oppression russe.
- Réalisateur : Agniia Galdanova
- Acteur : Jenna Marvin
- Genre : Documentaire, LGBTQIA+
- Nationalité : Américain, Français
- Distributeur : Next Film Distribution
- Durée : 1h38mn
- Date de sortie : 1er janvier 2025
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– Année de production : 2023
Résumé : Gena, artiste queer incomparable, bouscule les codes grâce à des tenues vestimentaires venues d’un autre monde, le sien. Cet artiste se promène dans les rues de Moscou et fait face à ses pantins autoritaires. Ses performances radicales ne laissent personne indifférent. Dans un pays où la démocratie est en danger, où le rejet de l’autre devient la normalité, où la peur nourrit les discours haineux, Gena n’abandonne jamais la lutte et continue de clamer, à sa façon, le droit à la différence.
Critique : Gena a vingt-et un ans. Orpheline de ses deux parents, elle est élevée par ses grands-parents qui tentent de composer avec l’identité sexuelle et esthétique de leur petite-fille, dans un pays, la Russie, qui n’est pas loin de considérer que les transgenres ou les homosexuels sont des délinquants. D’ailleurs, il faut voir avec quelle brutalité les autorités la renvoient des parcs publics ou des magasins, et surtout ces masses de gens qui s’agglutinent autour de Gina et la bombardent de photographies, moins soucieuses d’esthétisme que de moqueries.
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La seule issue pour survivre de Jenna Marvin demeure son rapport à l’image. Dans des tenues très imaginatives, montrant d’ailleurs à quel point elle convoque sa créativité malgré la répression et la censure, elle s’offre à la caméra avec la volupté et la détermination d’une personne combattive. Mais ses performances devant les portables ou les caméras ne consistent pas en un tableau vainement narcissique. Elles s’inscrivent dans l’actualité terrifiante d’une Russie qui s’apprête à détruire l’Ukraine et poursuit inlassablement les opposants au régime de Poutine. Queendom n’est donc pas le simple portrait d’un personnage non binaire en Russie. C’est une formidable démonstration de la puissance de l’art pour lutter contre la censure et les interdits gouvernementaux. Les seules armes, mais tellement redoutables, de Gena, demeurent ces vêtements féminins extravagants qu’elle brandit dans des manifestations ou sur l’espace public, au risque de se faire renvoyer de l’Université où elle effectue ses études.
Agniia Galdanova accompagne la jeune queer entre la ville où résident ses grands-parents, Moscou où elle suit des études et enfin Paris où elle finira pas recevoir l’asile politique. Dans ce premier film, la réalisatrice prend le risque de détourner les codes dans un film qui refuse d’en rajouter dans l’extravagance de la protagoniste. L’image est très épurée, ne quittant quasiment jamais la jeune Gena qui se révèle un personnage aussi attachant et fort que profondément fragile. Le spectateur pressent une grande solitude autour d’elle, à l’exception de cette séquence très courte où elle fête son anniversaire autour de quelques amis.
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Le plus intéressant mais évidemment tragique demeure la façon dont la réalisatrice filme la relation entre les grands-parents et Gena. La jeune queer se fait traiter de tous les noms, particulièrement par le grand-père qui est incapable d’accepter la réalité identitaire et sociale de sa propre petite fille. On perçoit à quel point le déni du grand-père est destructeur pour elle, comme si cette lutte était presque plus complexe que celle qu’elle mène contre la dictature russe. D’ailleurs, la réalisatrice montre peu les conséquences des arrestations de Gena par les autorités policières. On pressent la torture, l’agressivité des policiers, mais la pudeur de l’héroïne prend le pas sur un propos trop démonstratif.
Queendom s’affiche comme une œuvre puissante, d’utilité publique. La réalisatrice prévient avec beaucoup de nuances que derrière le combat mené par certains peuples contre la différence, c’est toute l’histoire du monde avec ses barbaries commises, contre le peuple juif par exemple, qui est de nouveau racontée. Voilà un documentaire pensé et filmé pour la tolérance, mais surtout rappeler au spectateur que la liberté de penser et d’être soi est un trésor à protéger.
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