Le 8 novembre 2016
- Genre : Historique
- Editeur : FUTUROPOLIS
- Festival : Quai des Bulles 2016
A travers une exposition très réussie et un documentaire suivi d’une conférence, Quai des Bulles a rendu hommage à l’album historique phare de la rentrée, Nuit noire sur Brest.
Quai des Bulles a accordé une place importante dans sa programmation à cet album qui raconte un événement singulier en marge de la guerre civile espagnole.
Difficile pour un festival de bande dessinée breton de passer à côté de cette BD qu’est Nuit noire sur Brest, dont Avoir-Alire pense beaucoup de bien. En effet, l’album paru en septembre 2016 chez Futuropolis relate l’histoire du C2, un sous-marin républicain espagnol qui se retrouve à Brest, et devient l’objet de toutes les convoitises, en particulier des franquistes, qui mènent une opération clandestine pour récupérer l’engin. Cette histoire est un événement peu connu de la guerre d’Espagne, qui interroge la place de la France dans ce terrible conflit, prémices douloureux de la Deuxième Guerre Mondiale.
Trois auteurs ont participé à cet album : deux scénaristes, Kris et Bertrand Galic, et un dessinateur, Damier Cuvillier. L’histoire a pu être racontée grâce au travail de l’historien Patrick Gourlay, auteur de Nuit franquiste sur Brest, dont la bande dessinée s’inspire.
Recherche de visuels de couverture pour l’album Nuit noire sur Brest
L’exposition que Quai des Bulles a consacré à cet album rappelle le contexte historique et dévoile plusieurs planches originales, qui donnent à voir les talents de dessinateur de Cuvillier, qui signale dans la conférence avoir été marqué par les couleurs de la ville de Brest. Un modèle de sous-marin, différents documents tirés des archives ainsi qu’un bureau de travail jalonnent l’exposition, et les visiteurs découvrent les différents ingrédients qui ont servi aux trois auteurs lors de la conception de l’album.
L’exposition consacrée à l’album faisait la part belle au contexte historique, grâce à des panneaux explicatifs, des documents et un plan de la ville de Brest
Planches originales de l’album, avec Cuvellier au dessin
Un documentaire produit par France 3, L’affaire du sous-marin rouge, réalisé par Hubert Béasse, a été retransmis en avant-première. Il sera diffusé sur France 3 Bretagne le 23 novembre. La conférence a été suivie d’une rencontre avec le réalisateur du documentaire, l’historien Patrick Gourlay et les trois auteurs de la bande dessinée.
Patrick Gourlay a souligné lors de la rencontre qu’il a découvert cette histoire complètement oubliée par un complet hasard, grâce à un ami qui réalise une thèse sur les romans policiers, et qui a trouvé un roman qui fait allusion à cet événement sorti des mémoires. L’historien s’est alors rendu aux archives, et a reconstitué cette histoire apparemment invraisemblable, mais dont les tenants et aboutissants sont désormais connus grâce à son ouvrage, Nuit franquiste sur Brest.
C’est également par hasard que Kris est tombé sur le livre de Patrick Gourlay. Il dit s’être rendu compte immédiatement du potentiel narratif d’une telle histoire, d’autant plus qu’il souhaitait réaliser une bande dessinée ayant pour cadre la Bretagne. Avec Bertrand Galic et Damien Cuvellier, il a acquis les droits d’adaptation de l’ouvrage de Patrick Gourlay.
Cependant, rappellent les auteurs, Nuit noire sur Brest n’est pas la transposition d’un livre d’histoire, mais plutôt son complément et, à ce titre, la conférence a témoigné des rapports féconds entre histoire et bande dessinée. En effet, la bande dessinée investit un angle mort - faute de sources - de l’histoire du sous-marin C2, à savoir la présence avérée parmi les membres de l’équipage de deux agents anarchistes dont l’identité demeure encore à ce jour : X-10 et X-12. Le personnage principal de la BD est ainsi l’agent X-10, dont le livre de Patrick Gourlay ne dit presque rien. Nuit noire sur Brest, grâce à un scénario crédible, permet de combler un vide de l’histoire, et de la prolonger, en la rendant vivante, palpable, incarnée par le dessin.
La conférence révèle qu’historiens et auteurs de bande dessinée ont eu l’opportunité de travailler ensemble sur cette adaptation, et la preuve matérielle en est la postface de Patrick Gourlay, qui offre au lecteur curieux une mise en perspective de cette affaire, ainsi que de nouveaux éléments d’enquête, tirés des archives, qui ne sont pas présents dans son livre.
Pour Kris, l’affaire du C2, « C’est d’abord une histoire géniale à raconter », et on le croit sans mal, tant cette histoire est fascinante, au point que l’on est en droit de se demander comment un tel événement a pu être occulté pendant des décennies.
En fin de conférence, Kris signale le parallèle entre la situation des républicains espagnols à l’époque de la guerre civile, qui ont massivement fuit les bombes de Franco et de ses alliés - l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste - pour se réfugier en France, et celle que connaissent actuellement les Syriens chassés de leur pays par la guerre. Il signale que les réactions des Français sont d’une troublante similarité, entre rejet et nécessité d’accueil. La presse, en particulier celle d’extrême-droite, a beaucoup glosé à l’époque sur l’incapacité de ces républicains espagnols à s’adapter à la France... et pourtant, ce sont ces mêmes réfugiés ont participé à la libération de Paris de la barbarie nazie le 25 août 1944. Et c’est Kris, un descendant de réfugié espagnol, qui a adapté cette fascinante histoire !
Galerie Photos
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