Le 6 novembre 2022
Un film frontal qui, à travers l’évocation du passé colonial de la France et plus particulièrement celle de la guerre d’Algérie, interroge sur la notion d’identité française.
- Réalisateur : Abel Raouf Dafri
- Acteurs : Olivier Gourmet, Johan Heldenbergh, Linh-Dan Pham, Pierre Lottin, Lyna Khoudri, Steve Tientcheu
- Genre : Film de guerre
- Nationalité : Français
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h49mn
- Date télé : 6 novembre 2022 23:10
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 22 janvier 2020
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Résumé : 1960. La guerre d’Algérie a déjà 6 ans. Les combats sont sanglants et les deux camps ne font pas de prisonniers... Vétéran de la guerre d’Indochine, le lieutenant-colonel Paul Andreas Breitner a laissé son glorieux et douloureux passé militaire derrière lui. Jusqu’au jour où il est contraint de se rendre en Algérie récupérer le corps du colonel Simon Delignières, porté disparu dans les Aurès Nemencha, une véritable poudrière tombée aux mains des rebelles. Alors qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même, Breitner se voit forcé d’assurer cette mission quasi suicidaire accompagné de Soua Ly Yang, ancienne combattante dans le groupe de commandos qu’il dirigeait au Vietnam. Sur place, il récupère Augustin Diamacoune Senghor, un sergent-chef sénégalais condamné à mort pour le meurtre de son officier supérieur, Alexis Martillat, jeune engagé volontaire fasciné par la guerre et par son père mort au combat en Indochine, et Assia « bent » Aouda, membre du FLN, spécialiste en explosifs, qui intègre la mission dans l’espoir de sauver la vie de sa mère, prisonnière des parachutistes français. Le groupe prend la route alors que les positions françaises de la région subissent une série d’attentats sanglants de la part des rebelles fellagas. Ce qu’ils vont découvrir dans cette Algérie profonde minée par la guerre et laissée à la sauvagerie des hommes est loin de ce qu’ils avaient pu imaginer.
Critique : Français d’origine algérienne, Abdel Raouf Dafri, scénariste des deux volets Mesrine, d’Un prophète et des séries TV Braquo revient sur cette guerre d’indépendance toujours taboue, au cours de laquelle les deux camps firent preuve d’une effroyable sauvagerie. Bien loin de tout manichéisme, il bâtit un film dur, âpre et émouvant où il n’existe ni gentils, ni méchants, juste des êtres humains, qui, tous sexes, races et croyances confondus, au plus fort de la haine et de l’incompréhension, cherchent à préserver cette part d’éthique qui leur appartient, malgré tout.
- Copyright Mars Films
La scène d’ouverture donne le ton. La violence est omniprésente, froide et sans concession, le seul but étant de rendre compte, avec le plus de justesse possible, du comportement des rebelles algériens autant que de celui des soldats français. Après s’être plongé dans de nombreux ouvrages relatant les faits d’armes des uns et des autres, le réalisateur/scénariste choisit d’écarter toute idée de plaidoirie ou de travail historique et de s’intéresser avant tout à la place de ces personnages, dont l’humanité et les situations inextricables auxquelles ils sont confrontés, nous touchent plus que le camp qu’ils ont choisi.
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Au-delà d’un scénario bien construit et d’une mise en scène ample, qui fait la part belle à l’action dans des paysages grandioses dignes des plus grands westerns, c’est sans aucun doute la complexité psychologique de ces individus, tous originaires de pays différents, mais cependant liés par une identité commune, acquise à travers la colonisation française, qui fait toute la richesse de ce récit, bien plus émouvant que le thème et la barbarie dans laquelle il baigne ne l’auraient laissé supposer, d’autant qu’il est servi par un casting d’une impressionnante justesse.
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Le charismatique Johan Heldenbergh offre au colonel Breitner, un Belge devenu français, toute la mesure de son désabusement et de ses traumatismes consécutifs à la défaite de l’Indochine, malgré le soutien sans bornes que lui accorde Soua-Ly-Yang (Linh-Dan Pham), une jeune femme Hmong qu’il a protégée dans cette guérilla asiatique. Chef de ce commando hétéroclite, composé de membres du FLN (dont Aïssa, la toujours efficace Lyna Khoudri, dans un rôle bien éloigné de celui de la jolie Papicha qui fit tourner les têtes cet automne) et de l’armée française, il doit s’accommoder de personnalités à la culture et aux aspirations diverses. Dans le rôle du sergent-chef Senghor, Steve Tientcheu, après avoir incarné le maire de Montfermeil dans Les Misérables, impose sa remarquable stature. Ce sergent sénégalais est prêt à tout pour défendre les couleurs d’un pays que son père a autrefois servi, à condition de ne pas avoir à tuer d’enfants. Pierre Lottin abandonne pour un temps les pitreries des Tuches et prête son image à Alexis Martillat, un jeune soldat raciste qui tire plus vite que son ombre, et dont le cerveau a été juste programmé pour « tuer du bicot » (ce sont ses propos). Et enfin, en apothéose, on mentionnera cette confrontation rapide, mais marquante, avec le colonel Delignières (Olivier Gourmet impressionnant d’autorité).
Utilisant habilement tous les ressorts cinématographiques, Abdel Raouf Dafri propose, à travers ce pur spectacle, une réflexion enrichissante, à la portée du plus grand nombre, sur une part secrète de notre histoire, aux cicatrices toujours visibles.
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