Pourvu qu’on m’aime - la critique du film

Ce beau film ressemble à Enea, à cette spontanéité qui le guide vers les filles à draguer, puisque son rêve est d’en rencontrer une, pour vivre une expérience charnelle. Et c’est bien son comportement qui incite ses deux amis à interroger leurs propres représentations, voire leurs propres inhibitions, comme en témoigne cette scène autour d’une piscine, où les fidèles Carlo et Alex échangent avec des copines sur leur sexualité, tandis que le jeune homme, bien loin de ces considérations, discute avec d’autres nageuses. Pourquoi alors se persuader qu’il faut lui trouver quelqu’un, que cette quête mérite une intercession ? On a l’impression qu’à l’origine de ce road-movie, l’obsession d’Enea trouble beaucoup plus son entourage que lui-même, car il n’est pas de ceux qui s’accrochent démesurément aux filles poliment indifférentes. Il poursuit simplement un rêve qu’il fétichise à travers l’image d’un modèle de magazine.

Ses amis font du mieux qu’ils peuvent, échouent d’abord à obtenir l’assentiment des prostituées italiennes qu’ils sollicitent. Elles ne satisferont pas la demande de celui qu’elles tiennent pour un déficient mental. Il faudra chercher ailleurs qu’en Italie.

La joyeuse compagnie se dirige vers l’Autriche, effectue une halte dans un bar-boîte où le jeune homme ne se dépucèlera pas avec une fille de joie, en dépit de la proposition de ses comparses. Leur voyage s’arrêtera en Allemagne, dans un centre pour handicapés, où l’une des responsables, qui se présente comme une accompagnatrice, lui propose de coucher avec lui, tout en lui révélant qu’elle ne sera jamais l’amour de sa vie. Les mots de cette femme, Ute, sont aussi simples que les désirs d’Enea et la scène où ce dernier découvre pour la première fois un corps féminin paraît aller de soi, parce que ce moment prolonge une bienveillance qui n’est pas de principe. Mais il n’y aura pas de rapports sexuels, le jeune Italien ne le fera qu’avec une femme qu’il aime.

Il serait faux de croire que ce film initiatique ne concerne qu’un seul personnage. Le spectateur se retrouve lui-même embarqué dans une expérience inédite, qui questionne bien au-delà du regard porté sur les autistes.